L’énurésie d’Elodie

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il y a 8 ans

Auteur: Skylane

Muriel regarde Elodie avec un grand sourire. Sa grande fille de vingt ans descend les escaliers et s'installe à la table du petit déjeuner. Elle est à peine réveillée, ses longs cheveux blonds sont en désordre et elle porte encore un pyjama rose délavé. Muriel est la maman d'Elodie et Thomas. Thomas est le petit frère âgé de dix ans. Ils vivent tous les trois dans une petite maison de la banlieue de Paris. Le père est décédé un an auparavant après un accident de moto. Ils ont tous du mal à surmonter cet événement, mais la vie suit son cours.

  • Coucou Elodie, je vois que tu as passé une bonne nuit ma chérie. Oui maman, je suis vraiment contente. En plus on est samedi, alors on va faire du shopping comme prévu ?

  • Oui, bien sûr, mais j'ai une autre surprise pour toi.

Pendant que sa fille la regarde avec des grands yeux ronds elle garde le silence un moment pour faire durer le suspens. Elle se prépare lentement une nouvelle tartine avant de parler.

  • Nous ne sommes pas partis en vacances depuis longtemps. C'est vrai qu'on n'avait pas tellement la tête à ça. Et puis c'est cher ! Mais maintenant que le temps a passé, j'ai réellement besoin de me dépayser. Alors mon amie Sarah et son mari nous proposent de venir avec eux dans les Alpes la semaine prochaine. C'est génial non ? Ils peuvent nous héberger dans leur chalet la première semaine des vacances. En plus ils ont un fils et une fille qui ont à peu près le même âge que toi. - Tu sais que j'adore skier. Mais je n'osais pas réclamer un tel cadeau. Comment pourrais-je refuser ? En plus j'avais rien prévu d'intéressant pour les vacances.

  • Tu ne devais pas voir Julien ? Il te plaît bien il me semble...

Elodie fronce les sourcils, plonge la tête dans son bol de céréales avec un air triste et finit par répondre que finalement il ne veut pas sortir avec elle. Elle commence à pleurer. Sa mère, très complice, essaye de la consoler et de lui remonter le moral en lui parlant de ces inoubliables vacances à venir. A ce moment, Thomas, le petit frère, et un ami qu'il a invité à dormir débarquent dans la cuisine. Muriel apprend tout de suite à Thomas qu'ils vont partir skier. Il saute de joie et fonce sur Elodie pour chahuter avec elle comme ils font d'habitude quand ils sont contents. Cette petite séance de "bagarre" avec son petit frère réussit, comme à chaque fois, à redonner le sourire à Elodie. Une fois le calme revenu ils terminent tous de manger dans la bonne humeur.

La journée se déroule à merveille et le shopping est plutôt orienté sports d'hiver. Elodie a déjà tout le matériel, mais elle craque quand même pour une nouvelle paire de lunettes de soleil. Il faut quand même soigner son look sur les pistes ! Elle a beau être timide, elle se sent en général plus détendue pendant les vacances. Elle compte bien faire fonctionner son charme et profiter au maximum de ses vacances. Après le dîner, les trois jeunes commencent un Monopoli sur la table du salon. Même Elodie qui n'a pas trop envie de sortir ce soir. Elle est encore triste de s'être faite rejetée par Julien. Pourtant elle voyait bien qu'elle lui plaisait et ils s'entendaient bien.

  • Alors Elodie, tu joues ou pas ? On t'attend là ! - Oui, c'est bon, je réfléchis.

  • T'es plutôt en train de rêver, je vois bien que t'es pas dans le jeu. On arrête de jouer si tu veux ? - Tu dis ça parce que tu perds, c'est toi qui veux abandonner ! Mauvais joueur !

Pendant ce temps Muriel fait un peu de rangement et entre dans la chambre de sa fille. Soudain la vue du matelas et de la couette de "secours" situés sous le lit fait naître chez elle une nouvelle préoccupation. En effet, depuis la m o r t de son père l'année dernière, Elodie a quelques problèmes nocturnes. Elle fait souvent pipi au lit. Muriel réalise alors que les soucis d'Elodie vont être délicats à gérer pendant les vacances dans le chalet. Et depuis que ses problèmes ont repris, elle n'a jamais voulu dormir hors de la maison. Ces vacances vont être une première ! Elle avait le même souci quand elle était petite, mais elle l'a surmonté vers l'âge de dix ans. Aujourd'hui elle voit un psychologue pour essayer de régler le problème. En attendant un vrai résultat de la thérapie, les dégâts sont limités en utilisant des alèses qui protègent le matelas. Mais elle mouille encore son lit plusieurs fois par semaine. "Il va s'agir d'un problème très délicat à gérer pendant ces vacances. En plus il va y avoir du monde dans le chalet et il n'est pas sûr qu'elle ait une chambre pour elle seule. Il faut absolument que j'en parle avec elle dès demain. D'ailleurs c'est étrange qu'Elodie n'ait pas encore réalisé ça. C'est quand même la première concernée ! D'habitude elle refuse toujours et trouve un prétexte pour ne pas dormir à l'extérieur. Elle doit encore être trop préoccupée par son histoire avec Julien" ?

Finalement tout le monde se couche tôt ce samedi soir. Muriel n'a pas encore eu le courage d'aborder ce sujet avec sa fille. Elodie est vraiment très gênée par ses ennuis nocturnes et elle n'en parle presque jamais, même avec sa mère. Elle se contente de faire brûler de l'encens dans sa chambre pour masquer les odeurs et de faire tourner elle-même les lessives pour laver les draps. Elle espère juste, comme lui a dit son psychologue, que son problème va bientôt s'arrêter.

Elodie s'endort difficilement ce soir, elle est partagée entre l'excitation de partir skier la semaine prochaine et la tristesse de savoir qu'elle ne sortira pas avec Julien. Elle a l'impression de ne presque pas avoir dormi lorsqu'elle se réveille brusquement, grelottante, dans un lit trempé avec son pyjama qui lui colle à la peau. "Encore ! Mais c'est pas possible, j'en ai trop marre ! Ca ne va jamais s'arrêter ? Je suis vraiment trop nulle ! Pourquoi est-ce que ça m'arrive presque toutes les nuits" ? Elle se sent dégoûtante, alors elle se lève rapidement et file discrètement à la salle de bain. Comme à chaque fois elle prend une petite douche pour se laver. Par contre elle ne s'occupe pas tout de suite de nettoyer le lit pour ne pas perdre trop de temps de sommeil. "Il est 4 h. du mat, j'ai pas envie de faire une lessive maintenant. Je vais être trop naze demain si je ne me recouche pas maintenant. Je vais sortir le lit de secours". Elle se baisse pour attr a p e r un deuxième matelas placé sous son lit. Elle le pose par terre à côté du lit. Il y a une couette propre déjà prête dessus. Comme elle a encore un peu froid elle enfile un pyjama et se replonge dans les bras de Morphée.

Le lendemain matin, vers 11h, Muriel veut réveiller sa fille. Elle est décidée à parler avec elle. Elle sait qu'Elodie n'aime pas qu'on entre dans sa chambre le matin. Elle frappe à la porte. Elodie se réveille sur le matelas posé par terre. Sa mère lui parle à travers la porte.

  • Je peux entrer ?

  • Non, s'il te plaît. C'est bon, je suis réveillée. - J'aimerais te parler. - Alors attends un instant, je sors de la chambre. - D'accord, rejoins-moi dans la cuisine.

Elodie se lève tout en se demandant ce que peut bien lui vouloir sa mère dès le réveil. Avant de sortir de la chambre elle ouvre la fenêtre pour aérer et allume un bâton d'encens. Elle descend ensuite vers la cuisine. Sa mère l'attend à la table du petit déjeuner. Les deux petits ont déjà fini de manger et ils ne sont plus là.

  • Salut ma chérie, comment ça va ce matin ?

  • Bien maman, ça va. - As-tu bien dormi ?

Elodie rougit un peu, baisse les yeux et répond :

  • Moyen...

Et espérant changer de sujet elle ajoute :

  • De quoi tu veux parler ?

La mère est aussi gênée que sa fille et commence :

  • Justement, à propos des vacances au ski. Je ne sais pas si tu y as déjà pensé, mais tu risques d'avoir le même problème la nuit. Et j'ai peur que tu trouves ça très gênant.

Un blanc s'installe, Elodie ne répond pas tout de suite. Son visage se décompose et elle commence à S a n g loter.

  • J'étais tellement contente de partir skier que je n'y avais même pas réfléchi... Je ne peux pas partir alors. Allez-y sans moi ! Je ne veux pas me taper la honte et de toute façon tes amis ne vont pas m'accepter comme ça. - Non attends ma chérie. Il ne faut pas que tu te mettes dans cet état. On peut trouver une solution. Je peux appeler Sarah, la mettre au courant du problème. On peut lui demander si tu peux avoir une chambre pour toi. Comme ça les deux e n f a n t s de Sarah ne seront pas au courant.

  • Non surtout pas, ne lui dis rien, je préfère ne pas venir. Sinon ils vont tous se moquer de moi. Et je suis certaine qu'il n'y a pas la place pour que j'ai une chambre juste pour moi. - Du calme s'il te plaît ! On va trouver une solution. De toute manière on ne va pas partir sans toi.

  • Non, je ne vais pas là-bas !

  • Tu vas f o r c é ment pouvoir venir. Tu ne vas pas laisser ce petit problème gâcher ta vie. Et Thomas a tellement envie d'aller skier. Je ne peux plus lui dire que nous ne partons plus.

Muriel se tait et hésite avant de continuer. Elle a l'air pensive. Elodie culpabilise, elle ne peut pas faire ça à son petit frère. Le dilemme est pénible. Soit décevoir sa famille, soit se ridiculiser.

  • Mais maman, pour qui ils vont me prendre là-bas ? Je ne peux pas y aller et me réveiller trempée à chaque fois.

  • J'ai pensé à une solution. Ca me gêne de t'en parler, parce que je sais que tu ne vas pas aimer. Quand tu étais petite, tu détestais déjà quand on t'y obligeait. Je me rappelle d'une fois où tu avais neuf ans. Ton père et moi voulions que tu mettes une couche pour dormir chez tes grands parents. C'était au moment où tu commençais à ne plus avoir d'accidents la nuit. Tu as été si vexée que tu as boudé pendant une semaine ensuite.

  • Quoi ? répond Emilie en devenant toute blanche. Elle aurait aimé se cacher sous la table.

  • Tu sais, il existe d'autres protections que les alèses. Si tu es d'accord je peux me renseigner pour toi auprès de notre pharmacienne. Je demanderai des conseils sur les protections adaptées à ta situation. Pour que ton problème passe inaperçu pendant les vacances. Tu serais d'accord pour essayer ?

Elodie ne répond pas. Elle court se réfugier dans sa chambre en pleurant.

Chapitre 2

Il ne se passe pas grand-chose ce dimanche et il semble maussade pour tout le monde. Sauf pour Thomas et son ami qui ne se rendent pas compte de la tension qui règne. Elodie ne sort pas de sa chambre de la journée. Dans sa tête elle retourne la question dans tous les sens. "Comment maman peut-elle me proposer une telle chose ? M'a-t-elle réellement demandé de mettre des couches pour partir en vacances ? J'espère qu'il ne s'agit pas exactement de ça. En tout cas je ne me vois pas aller dans la pharmacie avec elle pour me renseigner sur les différentes solutions possibles. Et de toutes façon, quelles solutions ? En plus elle me fait une sorte de chantage, si je refuse de venir ils ne partent pas non plus ! En réalité elle ne me laisse pas le choix".

Le lendemain matin, à son réveil, Elodie constate qu'elle doit une nouvelle fois mettre ses draps à laver. "Je commence bien ma dernière semaine de cours avant les vacances. En plus avec le stress d'hier je n'ai même pas eu le courage de réviser".

Elle se dirige vers la fac où elle étudie le droit. Elle est en deuxième année. Les cours lui plaisent et en général elle a des notes plutôt bonnes. Mais aujourd'hui elle n'est pas attentive à ce que disent les professeurs. La discussion qu'elle a eu avec sa mère hier la préoccupe trop. Sa meilleure copine Julie le remarque rapidement.

Julie, une jolie petite brune toute mince, est l'amie la plus proche d'Elodie. Elles se connaissent depuis le début du collège. Après le décès du père d'Elodie, elle a été très présente. Elle a eu un rôle de soutien indispensable. Elles sont inséparables et passent la plupart de leurs week-ends ensembles. Elle est même au courant pour le petit problème d'Elodie, mais elle s'est montrée compréhensive et a toujours gardé le secret.

Pendant une pause, à l'écart des autres, elle questionne Elodie pour savoir ce qui ne va pas chez elle :

  • Mais si Julie, je t'assure que tout va bien. - Je vois bien que tu as l'air bizarre ce matin. Tu n'as même pas pris de notes en cours. Alors c'est quoi ?

  • Bon, puisque je ne peux rien te cacher, normalement je vais partir skier pendant les vacances.

  • C'est génial ! Ca doit faire au moins trois ans que tu n'as pas fait de ski. Tu devrais avoir l'air plus heureuse.

  • Oui, t'as raison, c'est super. Maintenant on retourne en cours !

Julie n'a pas encore réalisé quel problème ce voyage pose à Elodie. Et Elodie ne pouvait quand même pas lui parler de la demande de sa mère.

Pendant ce temps Muriel est aussi préoccupée que sa fille. Elle travaille dans un grand cabinet d'audit. Ce soir elle a décidé de partir un peu plus tôt du travail, pour arriver avant la fermeture de la pharmacie en bas de chez elle. La démarche n'est pas facile, mais elle doit aider sa fille. "Je ne peux pas laisser Elodie s'occuper de ça elle-même, surtout pour la première fois. De toute façon elle ne le fera pas. Je dois donc me charger de ça".

Un peu avant la fermeture, la gorge sèche, elle entre dans la pharmacie. Une cliente âgée termine de se faire servir, ensuite il ne reste plus d'autre client. Elle connaît bien cette pharmacienne qui est installée ici depuis plus de quinze ans. Elle lui a toujours donné de bons conseils tout au long de la croissance de ses e n f a n t s.

  • Bonjour... - Salut Muriel ! Je ne t'ai pas vu depuis un moment. Comment vas-tu ?

  • Très bien, merci. Mais je viens pour un problème délicat.

  • Que t'arrive-il ?

  • C'est à propos d'Elodie. Tu connais ses problèmes d'énurésie...

  • Oui, évidemment. Ca ne s'arrange pas ?

  • Non, pas du tout.

  • Désolée, elle suit bien sa psychothérapie ?

  • Oui, mais apparemment les effets ne sont pas encore très visibles.

  • Alors que puis-je faire pour t'aider ? Tu as besoin de racheter des alèses ?

  • En fait, comme nous devons partir en vacances, nous avons besoin de quelque chose de plus pratique. Pour ne pas avoir à nettoyer tout le lit à chaque fois. Je ne sais pas si tu as quelque chose de plus adapté ?

  • Oui, je vois. Tu penses à des protections, à des couches pour vous faciliter la vie pendant les vacances. Elodie est d'accord ?

  • Euh... Pas encore. Mais je suis justement là pour prendre conseil. Pour lui trouver quelque chose qui lui permette de ne pas se réveiller dans un lit trempé.

  • Oui je comprends, c'est embarrassant pour elle. Je vais te montrer ce que j'ai qui pourrait convenir. En fait je n'ai pas beaucoup de choix. Je ne vends pas beaucoup de ces produits. Vu sa taille je peux lui proposer des pants ou des changes complets. Ses fuites sont-elles abondantes ? - Je crois bien que oui. Il lui arrive même de mouiller son lit deux fois de suite la même nuit.

  • C'est embêtant. Elle aurait plus facilement accepté des Pants. Ils font moins de bruits, il n'y a pas d'attaches à mettre et elle peut les baisser plus facilement si elle se réveille à temps pour aller aux toilettes. En gros ils ressemblent moins à des couches. Mais ils sont moins bien adaptés pour dormir. Mes clients qui en mettent la nuit changent vite de solution à cause des fuites. Si elle veut être certaine de ne pas mouiller les draps, je lui conseille plutôt les changes complets. C'est la coupe des Pants qui les rendent inadaptés pour la nuit. Tu veux que je te montre les différents paquets ?

  • Oui, je vais devoir choisir pour elle. Montre-moi les changes complets alors. - Vu sa corpulence, je suis certaine qu'il lui faut la taille Médium. Par contre, tu as le choix entre trois absorptions : Plus, Super ou Maxi. Mais si elle ne boit pas trois litre avant de se coucher, les Plus ou les Super devraient suffire. Les Maxi sont plus épaisses et ça ne va pas lui plaire... En fait, je te conseille les Super. Avec ça je pense qu'elle sera à l'abri des surprises.

La pharmacienne se lève et farfouille dans sa réserve hors de la vue de Muriel. Elle revient avec un énorme paquet de couches. Elle décrit le produit à Muriel pour la convaincre qu'elle a fait le bon choix pour Elodie.

  • Je t'ai apporté des Tena Slip Super. Elles sont très efficaces et bien adaptées pour la nuit. En plus elles sont très confortables. Un nouveau voile permet de garder la peau bien au sec, pour qu'elle ne se sente pas mouillée, et le système anti-odeurs lui permettra d'être moins gênée par son problème. Avec ça elle peut dormir tranquille et partir sereinement en vacances.

  • Merci, je vais prendre ça alors. J'espère qu'elle voudra bien les mettre et que ça va lui convenir.

  • Je te propose de te donner un ou deux échantillons en plus. Ainsi elle pourra essayer les couches cette semaine avant de partir pour voir si ça lui convient. Si ça ne va pas ou qu'elle ne veut pas les mettre, tu me ramèneras le paquet.

  • Merci c'est très gentil. Tu as raison, il vaut mieux qu'elle les essaye avant, à la maison. Au revoir.

  • Merci, et surtout bon courage à Elodie. J'espère qu'elle va rapidement aller mieux. Bonnes vacances !

Muriel rentre rapidement chez elle après avoir rangé les couches dans le coffre de sa voiture. Elle est contente que cette épreuve soit terminée. "Tout de même, choisir des couches pour sa fille de vingt ans ! Et maintenant comment je lui présente ça ? Si je lui donne le paquet comme ça elle va me le jeter dans la figure et ne voudra plus jamais en entendre parler"...

Chapitre 3

Muriel gare la voiture dans le garage de la maison. Elle sait qu'à cette heure-ci les e n f a n t s doivent être à la maison et qu'ils l'attendent pour le dîner. Afin que Thomas ne voit pas le volumineux paquet de couches destiné à Elodie, elle décide de le laisser dans le coffre de la voiture. Par contre elle prend les échantillons que la pharmacienne lui a donné dans un emballage plus discret. Lorsqu'elle entre dans la maison, le petit Thomas qui regardait la télévision dans le salon lui saute au cou.

  • Salut mon grand ! Comment ça va ? Ta journée à l'école n'a pas été trop difficile ?

  • Non maman, c'était super. On a même fait un match de foot dans la cour de récréation après le déjeuner.

  • C'est bien mais est-ce que tu as bien travaillé ? As-tu réussi ton contrôle de math ?

  • Euh ... oui maman. Il n'était pas très facile, alors on verra bien.

  • D'accord, je vois. Sais-tu où est Elodie ?

  • Elle est dans sa chambre. Je crois qu'elle travaille.

  • Bon, je monte la voir. Pendant ce temps file prendre ta douche. On mange bientôt.

Muriel monte vers la chambre d'Elodie. Elle se demande comment présenter la chose à sa fille, mais le faire maintenant lui semble la meilleure solution. Le départ est pour la fin de la semaine et il faut mieux savoir le plus vite possible si elle va accepter. Il faut qu'elle ait un minimum de temps pour s'habituer.

La porte de la chambre d'Elodie est ouverte. Elle entre et ferme la porte derrière elle. Elodie est assise à son bureau, plongée dans les bouquins.

  • Coucou ! Comment vas-tu ma chérie ?

  • Bof, moyen. J'ai eu une longue journée de cours et j'ai plein de boulot pour demain. Je dois terminer un commentaire d'arrêt. C'est trop le stress. Et toi maman, ça va ?

  • Bien, mais j'aimerais te parler de quelque chose...

A ce moment Elodie aperçoit le sac de la pharmacie que sa mère tient à la main. Elle ne sait pas ce que c'est, mais elle sent une boule se former dans sa gorge. Elle ne répond rien.

  • Elodie, j'ai été voir la pharmacienne ce soir. Je lui ai parlé du petit problème que nous avons pour le voyage. Selon elle, le plus simple serait que tu dormes avec des protections. Comme ça tu serais sûr de ne pas mouiller tes draps.

  • Des protections... ?

  • Oui, j'en ai acheté un paquet. Je suis désolée de te proposer ça, mais je ne vois pas d'autre solution. Ca me ferait tellement plaisir que tu acceptes et qu'on parte tous ensemble en vacances.

Elodie ne dit rien pour l'instant, mais elle sent des larmes lui monter aux yeux. Sa mère n'a pas prononcé le mot "couche", mais elle sait que c'est de ça dont il s'agit en réalité. Elle espérait tellement pouvoir éviter une telle humiliation. Muriel pose le sac de la pharmacie sur le bureau de sa fille.

  • Ce sont des échantillons que la pharmacienne t'a donné pour que tu puisses tester les protections avant le départ et voir si cette solution te convient. Aussi tu pourras t'assurer qu'elles te vont bien et qu'elles sont bien adaptées. S'il te plaît, avant de refuser, essaye au moins une fois de dormir avec. Après, tu décideras si tu acceptes de les mettre là-bas. Mais il faut que tu saches que si tu ne veux pas, ce n'est pas grave, on rendra le paquet ! Je ne t'en voudrais pas.

  • Maman, je ne peux pas mettre des choses comme ça ! Tu ne peux pas me demander de mettre des couches. Et si quelqu'un d'autre s'en aperçoit je vais mourir de honte...

  • C'est juste pour ces vacances. Personne ne le saura. Je ne le dirai pas à ton frère. Et de toute manière je pense que c'est moins gênant pour tout le monde. Tu ne voudrais pas te réveiller dans un lit trempé ! Et la pharmacienne m'a assurée qu'elles sont très confortables. Avec ça tu passeras des nuits plus tranquilles.

  • Maman, surtout ne parles de ça à personne, promets-le moi !

  • Si tu veux. Et puis ce n'est pas si terrible, on ne part qu'une semaine.

Muriel sort de la chambre soulagée d'avoir fini cette discussion avec sa fille, mais elle s'en veut quand même légèrement d'avoir demandé une telle chose à sa fille.

Maintenant que sa mère est sortie, Elodie ne parvient plus à retenir ses larmes. Elle sort un échantillon du sac. La couche est enfermée dans emballage individuel sur lequel figure une présentation de la gamme et un descriptif du produit : "Tena Slip", "Super". Les dessins de l'emballage montrent qu'il s'agit véritablement d'une couche culotte avec des adhésifs pour l'attacher. Ils expliquent comment mettre les couches, et d'après le descriptif c'est presque les plus absorbantes de la gamme. Sa mère n'a pas fait les choses à moitié, elle a pris des vraies couches pas du tout discrètes. La honte, remettre des couches à vingt ans ! Elodie ne veut pas en voir plus pour l'instant. Tout en S a n g lotant, elle se jette sur son lit pour réfléchir. Elle ne veut surtout pas les porter, mais elle a trop peur de décevoir sa mère. C'est le prix à payer pour pouvoir profiter sereinement de ces vacances. "Au point où j'en suis, je crois que je n'ai rien à perdre à en tester une cette nuit. De toute façon personne d'autre que maman ne sera au courant. Je pourrai au moins lui prouver que j'ai fait un effort, que j'ai essayé. Suis-je suis égoïste ? Ai-je le droit de priver tout le monde de vacances parce que je refuse de me prendre en main ? Il faut que j'arrête de faire comme si mon problème n'existait pas. Je ne peux plus continuer à faire comme si de rien n'était en me cachant à la maison. Je dois assumer mon problème, arrêter de faire l'autruche et de me gâcher la vie" !

Juste avant le dîner, après avoir pris de bonnes résolutions, Elodie descend rejoindre sa mère dans la cuisine. Un rôti achève sa cuisson dans le four et une sympathique odeur flotte dans la maison. Tout cela redonne de l'appétit à Elodie qui n'avait plus trop faim. Sa mère est tellement concentrée sur la préparation du repas qu'elle ne voit pas Elodie arriver. Elle l'enlace dans ses bras et ferme les yeux. Elle lui murmure :

  • Je suis désolée maman. Je suis vraiment désolée. Je sais que tu as beaucoup de choses à gérer. Et tu n'as vraiment pas besoin de te préoccuper de ce genre de problème en plus. Alors merci beaucoup d'avoir trouvé une solution pour moi. Mais je ne suis plus un bébé, j'aurais dû m'en occuper moi-même. Je ne voulais pas t'imposer ça.

  • Je sais ma chérie. Je comprends bien que ce n'est pas une chose facile pour toi. A ta place je n'aurais pas voulu non plus aller voir la pharmacienne. Alors c'est normal que je me sois occupée de ma fille adorée. Je suis là pour ça.

  • Merci maman, tu peux téléphoner à ton amie pour lui confirmer qu'on débarque tous les trois dans son chalet. Je ne vais pas me gâcher la vie à cause de ce problème.

  • Super ! Je suis fière de toi ma chérie. Je sais que ça n'a pas dû être une décision facile à prendre. Mais ne t'inquiètes pas, tout va bien se passer. Sarah et sa famille sont des gens adorables. Je téléphonerai à Sarah demain si tu es d'accord.

  • Oui, je t'assure que c'est bon pour moi.

  • Elodie, tu veux que je prévienne Sarah de ce qu'il t'arrive ? Tu devras probablement dormir dans la même chambre que sa fille. Alors tu risques d'avoir du mal à le cacher. Je pense que le moins embarrassant pour toi et le plus correct serait que je prévienne Sarah et sa fille. Et puis ça te simplifierait la vie...

En entendant ça Elodie perd à nouveau ses moyens. Elle s'était faite à l'idée de porter ces stupides couches, mais elle n'est pas encore prête à ce que d'autres gens le sachent. Encore moins à partager une chambre avec une autre fille qui connaît sa situation.

  • Tu ne peux pas leur dire ! Ils vont tous se moquer de moi avant même que j'arrive chez eux. Avec les protections que tu m'as achetées le lit ne sera pas mouillé et je m'arrangerai pour pas qu'elle ne voit ce que je dois porter pour dormir. Personne ne le saura.

  • J'ai peur que ça ne soit pas aussi facile. Le chalet n'est pas très grand et on va être nombreux. Mais si tu veux on se laisse un peu de temps pour réfléchir. Demain, en l'appelant pour lui dire qu'on vient, je vais lui demander comment est disposée la maison. Pour savoir si par exemple il y aura une salle de bain dans votre chambre, ou bien une juste à côté où tu pourrais te préparer discrètement pour la nuit, sans que tu aies à te promener dans toute la maison ensuite. Le mieux serait quand même que tu essayes tes protections avant le départ, juste pour voir si c'est possible ou non de le cacher.

  • Oui, ne leur dit rien pour l'instant. Je vais d'abord voir à quoi ça ressemble, si ça ce voit beaucoup ou pas.

  • Ne t'en fais pas pour ça ma chérie. Au pire, seules Sarah et sa fille seront au courant. Sa fille a au moins vingt-cinq ans, elle va bientôt se marier. Elle a passé l'âge de se moquer d'une jeune fille bien plus jeune qu'elle qui a ce genre de soucis. Elle est plus mature qu'une gamine de quinze ans...

Thomas, lui aussi attiré par l'odeur du repas, arrive dans la cuisine et interrompt la discussion. Le repas se déroule sereinement maintenant que les problèmes ont été mis à plat entre Elodie et sa mère. Pour la première fois depuis la m o r t de son père, Elodie accepte un tel voyage. Changer d'air va être bénéfique pour tout le monde. A table la discussion tourne autour des vacances au ski.

  • Alors Thomas, tu veux prendre des cours de ski cette année ou tu préfères qu'on skie tous ensemble ?

  • J'aimerais passer ma deuxième étoile, mais je veux aussi skier avec toi et Elodie.

  • Alors tu vas prendre des cours juste le matin et on ira skier tous les trois avec mes amis l'après-midi. C'est plus sympa comme ça.

  • Oui génial ! Elodie tu feras la course contre moi ?

  • Oui, mais t'es sûr de perdre. T'es trop nul pour gagner contre moi !

  • A mon avis les e n f a n t s, celui qui va gagner c'est plutôt le fils de Sarah. Il a dix-huit ou dix-neuf ans et il a beaucoup plus l'habitude de skier que vous.

  • C'est de la triche !

Après le dîner une ambiance studieuse s'installe à nouveau. Elodie se sent étrangement soulagée. Elle termine rapidement le commentaire d'arrêt de droit administratif qu'elle doit rendre demain. Ensuite, pour retarder le moment où elle devra aller se coucher, elle fonce dans la chambre de son petit frère pour se livrer à son activité favorite. Elle saute sur son frère qui est déjà dans son lit. Ils se livrent à leur séance rituelle de chatouilles et, comme d'habitude, le vacarme qu'ils font en chahutant attire leur mère. Elle fait semblant de s'indigner et d'essayer de les séparer.

  • Elodie ! Laisses ton frère dormir, il est tard. Vas dans ta chambre te coucher. Tu as eu une longue journée.

  • Oui maman, j'y vais.

  • Bonne nuit Thomas. Bonne nuit Elodie.

  • Bonne nuit maman. A demain.

Chapitre 4

Maintenant que Thomas est au lit, la journée est presque finie pour Muriel. Il lui reste encore à aller chercher dans le coffre de la voiture le paquet de couches d'Elodie. Lorsqu'elle entre dans la chambre de sa fille, elle ne trouve personne, mais elle aperçoit, posé sur le lit, le sachet contenant les échantillons. Une couche est sortie de son emballage, légèrement dépliée et posée à côté de l'oreiller. A ce moment, Elodie sort des toilettes et retourne dans sa chambre. Elle est plutôt gênée et aurait préféré ne pas voir sa mère à cet instant. Elle essaye de ne pas rougir, de faire comme si tout était normal. Surtout que, ce qu'elle s'apprête à faire ne la met pas du tout de bonne humeur.

  • Je suis entrée dans ta chambre pour t'apporter le reste, puisque qu'on s'est résigné à cette solution. Je le fais aussi tard pour que Thomas ne soit pas au courant. C'est assez encombrant...

  • D'accord, donne-moi le paquet, je vais essayer de le ranger à un endroit où il ne sera pas trop visible.

  • Attention à ne pas l'ouvrir avant de savoir si c'est bien ce qu'il te faut. Pour qu'on puisse le rapporter ou l'échanger.

  • Oui maman, je ne suis pas complètement stupide ! J'ai compris. Quoi d'autre ?

  • Si tu as besoin de conseils, saches que je suis là. Je peux t'expliquer comment tu dois faire pour les mettre correctement, pour t'éviter les mauvaises surprises.

  • Je vais me débrouiller toute seule, merci. Je n'ai plus deux ans. Bonne nuit.

Elodie a répondu sèchement. Mais, ronchon, elle veut mettre fin le plus vite possible à cette embarrassante conversation.

Le paquet est si imposant qu'elle ne sait pas quoi en faire. Le laisser traîner aux pieds du lit, à la vue de tous, n'est même pas envisageable. Finalement elle l'attr a p e et le pose dans sa penderie, sous ses vêtements suspendus. Lorsque le rideau est fermé le paquet est hors de portée des regards indiscrets.

Il est temps de dormir. Elle jette un regard dépité vers la couche qu'elle a déposée sur la couette. Machinalement, elle se déshabille. Une fois totalement nue, elle s'assoit sur le lit. Contrairement à sa mère et à son frère, elle n'a pas l'habitude de prendre une douche le soir avant de se coucher. Vu ses accidents, elle doit de toute façon en prendre une le matin. Avec un air dubitatif elle déplie la couche. La taille l'impressionne, elle n'est manifestement pas destinée à un bébé. Elle est blanche avec de discrètes bandes vertes sur la longueur. Maladroite, elle ne sait pas trop comment s'y prendre. Elle doit lire la notice sur le sachet. Spontanément elle s'allonge sur le dos et glisse la couche sous elle, la partie avec les adhésifs sous ses fesses. Ensuite elle ramène le devant sur son entrejambe et se trémousse en essayant d'ajuster confortablement la couche. Elle a du mal à déterminer si elle est correctement positionnée. Trop ? Trop bas ? Plus à gauche ? Puis comme l'indique le schéma, elle attache les adhésifs du bas puis ceux du haut. Est-ce trop serré ou trop lâche ? Finalement mettre sa couche toute seule est bien plus difficile qu'elle ne le pensait.

Et voilà, c'est fait ! Elle se relève tout en tâtant sa protection avec ses mains. Instinctivement, elle passe ses doigts à l'entrejambe pour ajuster les fronces anti-fuites. Elle est mal à l'aise. Elle n'aime pas cette sensation lorsqu'elle bouge et qu'elle marche pour aller chercher son pyjama. Elle enfile le bas de son pyjama préféré par-dessus sa couche. Un vieux pyjama rose, large et usé à cause des lavages presque quotidiens. Le plastique dépasse par-dessus le pantalon du pyjama. « J'ai l'air vraiment ridicule dans cette tenue ! Ce n'est pas habillée comme ça, que j'aurai une chance de séduire un mec...

Après avoir mis le haut, elle se regarde dans la glace de sa chambre. Malgré des fesses un peu plus rebondies que d'habitude et un léger renflement à l'entrejambe, elle n'a pas l'impression qu'on voit ce qu'elle porte en dessous. L'autre bonne nouvelle, c'est que sa mère a choisi la bonne taille. Au moins elle n'aura pas à retourner à la pharmacie pour en trouver d'autres à sa taille. En revanche, elle se demande comment gérer le bruit. Un bruit caractéristique de froissement de plastique accompagne chacun de ses mouvements. Et comment mettre une couche sans faire de bruit ? La déplier, l'ajuster et coller les attaches fait un bruit d'enfer. Surtout que pour le moment elle voit mal comment se changer autrement qu'allongée. Comment faire dans le chalet où elle doit passer les vacances ?

Fatiguée, elle cesse de s'interroger et s'allonge pour dormir. Bien que la couche la gêne un peu, elle ne l'empêche pas de s'endormir rapidement. Elle s'attendait à quelque chose de très inconfortable, mais finalement ce n'est pas le cas. Heureusement le change est plutôt doux et assez souple pour laisser une certaine liberté de mouvements, ce qui compense la désagréable sensation qu'elle a d'être enfermée, d'être entravée, lorsque qu'elle bouge dans son lit.

Le lendemain matin, même si la nuit fut bonne, la sonnerie du réveil l'arrache trop tôt à son sommeil. A moitié endormie, comme tous les matins, elle palpe le matelas autour de ses fesses pour vérifier que le matelas n'est pas mouillé. Le matelas est sec. Son pyjama aussi. Réjouie, elle ne pense pas avoir fait pipi au lit ! Pendant qu'elle se réveille lentement, elle réalise qu'elle porte une couche. Mais elle ne se sent pas mouillée. Alors elle tâte sa couche. Il lui semble qu'elle a un peu gonflé, que la texture a changé.

Pour en avoir le cœur net, elle allume sa lampe de chevet, baisse son pantalon et soulève sa couette. Dès cet instant une légère odeur ne lui laisse plus aucun doute. Elle regarde et effectivement la couche est toute jaunie et gonflée entre ses jambes. Après avoir cru un moment être restée propre, elle est d'autant plus triste et vexée d'être mouillée quand même. Abattue, elle S a n g lote. Au bout d'un moment elle se lève brusquement pour aller se nettoyer. Debout elle se rend compte de la lourdeur de sa couche entre ses jambes. "Elle est quand même moins confortable qu'hier soir. Mais, j'ai à peine les fesses mouillées, alors que, comme d'habitude, j'ai pissé au lit ! Je reste aussi nulle et pitoyable, mais au moins mon lit n'est pas trempé. Triste à dire, mais maman a trouvé ce qu'il me faut. Des couches ! Il faut vite que ça s'arrête. Je ne peux pas continuer à faire au lit pendant des années... Et maintenant j'en fais quoi de cette couche dégueu ? Je ne peux pas la laisser dans la poubelle de la salle de bain. Tout le monde pourrait la voir. Et je n'ai pas non plus envie de descendre avec dans la cuisine. Pour l'instant je vais devoir la laisser dans la corbeille de ma chambre".

Elle baisse son pantalon et dégrafe sa couche. La aussi difficile d'éviter de faire du bruit en détachant les adhésifs. Puis, surprise par son poids, elle la roule vite en boule et la jette dans sa poubelle. Avec une grimace elle remonte son pyjama et se dirige vers la douche. Heureusement, la salle de bain est libre. Elle n'aurait pas voulu attendre pour se laver. La douche du matin est sacrée pour Elodie. Elle lui permet d'évacuer ses problèmes et de repartir d'un bon pied pour la journée.

Une fois habillée, elle descend pour manger quelque chose et boire un café avant d'aller à la fac. Elle s'installe avec sa mère et son frère qui terminent de manger. Apparemment sa mère ne lui en veut pas pour sa saute d'humeur d'hier soir.

  • Bonjour tout le monde.

Thomas, encore endormi, ne lève même pas la tête et continue à fixer son bol de céréales. Sa mère au contraire est déjà habillée, elle a l'air en forme et lui répond avec un grand sourire.

  • Coucou Elodie. J'ai reçu tôt ce matin une réponse de mon patron et il me permet de ne pas venir travailler vendredi. Pour éviter les embouteillages des départs en vacances, je propose qu'on parte dès que vos cours seront terminés. Thomas sort de l'école à 16h30 et moi j'aurai toute la matinée pour préparer le voyage. Et toi ? A quelle heure rentreras-tu de la fac ?

  • Je pourrai être à la maison vers 17h30. Avant j'ai un TD que je ne peux absolument pas manquer.

  • Parfait, alors on prendra la route juste après. Pour ne pas trop me fatiguer, comme tu ne conduis pas, on va s'arrêter dormir dans un hôtel. Ensuite il ne restera plus beaucoup de route à faire le samedi matin. C'est plus prudent de diviser le trajet.

  • Comme tu préfères. De toute façon on arrivera avant si on part de Paris dès le vendredi après-midi. - Dans ce cas, Thomas et Elodie, vous devrez avoir terminé de préparer vos affaires le jeudi soir. On prendra la route dès que vous rentrerez des cours. Je vais réserver un hôtel.

Muriel regarde sa montre et fixe Thomas du regard.

  • Thomas ! Tu as vu l'heure ? Cours vite t'habiller. Tu n'as plus le temps de reprendre une tartine.

Maintenant Muriel et sa fille terminent de boire leur café. Silencieuses, toutes les deux sont assises à table. Finalement Muriel ose aborder le sujet qui la tracasse.

  • Alors ? Tu n'as rien à me dire à propos de l'essai de cette nuit ? Tu n'as pas eu de problème cette nuit ? Tu ne sais pas encore si c'est bon ?

Cette fois Elodie arrive presque à se maîtriser en évoquant ce problème avec sa mère. Elle répond sans pleurer.

  • Euh... si. J'ai encore eu un accident. Heureusement, elles sont à la bonne taille. Et si c'est ce que tu veux savoir, le lit et même mon pyjama n'ont pas été mouillés.

  • Finalement il faut voir le bon côté des choses. Ton problème n'est pas résolu, mais grâce à ces couches tu passeras des meilleures nuits. Et tu n'auras pas de lessives à faire le matin.

  • Non, je déteste les mettre. Elles sont ridicules et beaucoup trop grosses. En plus elles font tellement de bruit que je ne pourrais jamais les cacher si je dors avec quelqu'un dans la chambre.

  • Je suis désolée. Je sais que c'est vraiment difficile à gérer pour toi. Mais je vais appeler mon amie Sarah. Si tu dois dormir dans la chambre de sa fille je crois qu'il faut mieux la prévenir. Comme tu ne pourras pas le lui cacher. Je demanderai qu'elle n'en parle qu'à sa fille uniquement, pas aux autres membres de la famille.

  • Je n'ai pas trop le choix. La honte !

  • Ne t'inquiètes pas. Elles sont gentilles. Je t'assure qu'elles ne vont pas se moquer de toi. Il n'y a pas de raison. Et finalement ce n'est pas très important pour elles. Allez, vas à la fac maintenant. Pense à autre chose. Ces vacances vont être géniales !

A la fac, Elodie retrouve sa meilleure copine Julie. Comme d'habitude, elles s'assoient à côté dans l'amphi. Comme hier Julie trouve qu'Elodie a l'air étrange, pas spécialement triste, mais plutôt déconcentrée et ailleurs. Elle la connaît trop bien pour savoir que quelque chose la perturbe. Elle ne regarde même pas le garçon sur lequel elles fantasment toutes les deux, et pourtant il est assis juste devant elles.

A la pause déjeuner, Julie s'arrange pour manger au restaurant universitaire seule avec elle. Elles s'installent à une table située légèrement à l'écart. Le sujet s'engage naturellement sur les vacances qui sont désormais si proches. Elles se racontent leurs précédentes aventures aux sports d'hiver, décrivent leurs exploits sur les pistes. Complètement absorbées par la discussion, elles oublient qu'elles sont à la fac. Le sourire aux lèvres, elles sont déjà en vacances.

Mais lorsqu'Elodie explique qu'elle n'a pas skié depuis longtemps, environ deux ans avant la m o r t de son père, l'ambiance retombe. Et d'un coup Julie comprend l'inquiétude de son amie. Elle est au courant de son problème et sait qu'elle refuse toujours de dormir en dehors de chez elle pour cette raison. Elle lui attr a p e la main et lui parle d'une voix basse.

  • Ma chérie, je sais ce qui te tracasse. Tu dois dormir dans un chalet chez des amis de ta mère. C'est la première fois que tu acceptes depuis... - Oui. C'est très gênant.

  • Mais ils comprendront. Il n'y a rien de très grave. C'est ce que j'essaye de te dire depuis que ça t'arrive. Je ne comprends pas pourquoi ça t'empêche de venir dormir chez moi ou de m'inviter à passer le week-end chez toi. Avant on le faisait tout le temps. Au pire on ferait tourner une lessive et voilà. Personne ne t'en voudrait. Ma mère ne cesse de répéter que tu es la bienvenue à la maison.

  • Je sais bien, mais je préfère que tu ne me vois pas comme ça. J'ai peur que tu ne me regardes pas pareil après, que tu ne veuille plus qu'on soit aussi souvent ensemble.

  • N'importe quoi ! En plus je suis déjà au courant, alors ça change quoi ?

  • Tu as peut-être raison...

  • En tout cas, je refuse que ta première nuit hors de chez toi depuis plus d'un an soit chez des étrangers. Tu n'as pas le droit de refuser de dormir avec moi et ensuite d'accepter d'aller chez des inconnus.

A f o r c e d'en parler avec sa mère, avec son psychologue et maintenant avec sa meilleure amie, elle commence à dédramatiser. Et les paroles réconfortantes de son amie la poussent à se confier totalement. Alors elle se penche vers elle et lui souffle à l'oreille.

  • J'ai un autre truc à te dire, mais si tu te moques de moi ou que tu rigoles je ne te reparle plus jamais.

  • Bien sûr que non. Tu peux parler.

  • Tu dois savoir pourquoi je peux aller chez ces gens. La nuit je vais me protéger. J'ai des couches, pour ne pas mouiller le lit et avoir la honte tous les matins.

Julie parait un peu surprise et préfère prendre un instant pour réfléchir avant de répondre.

  • Si tu préfères et que ça te permet enfin de sortir de chez toi, c'est une bonne solution. Avec ça tu te sens capable de partir en vacances, c'est super ! Et il n'y a rien de drôle à ça ma chérie.

  • Merci. Tu es géniale. Tu me soutiens quoi qu'il arrive.

  • Par contre tu ne vas pas t'en tirer ainsi. Cette semaine, demain par exemple, tu viens dormir chez moi. Tu n'as pas le choix ! Couche ou pas couche... Depuis le temps que j'attends ça. On pourra enfin passer toute une soirée ensemble. Jusqu'à ce qu'on s'endorme toutes les deux.

En guise d'acceptation Elodie se lève, les larmes aux yeux, et enlace fermement sa copine. Julie aussi est émue. Elle a enfin le sentiment d'avoir pleinement retrouvé Elodie.

Chapitre 5

Après le déjeuner les cours s'enchaînent jusqu'au soir. Le mardi est la journée la plus chargée de la semaine. Contrairement au jeudi, par exemple, où elles n'ont qu'un seul amphi de 11 h à 13 h. Elles conviennent donc de faire leur "soirée pyjama" demain soir. Elles iront directement chez Julie après les cours.

Même si l'après-midi est longue, Élodie se sent bien. Pouvoir parler à son amie a été un véritable soulagement. Elle avait la désagréable sensation qu'une distance entre elles s'installait. Elle avait peur de tout lui dire. Finalement elle a eu raison de lui faire confiance et de se confier à elle. Ce soutien indéfectible lui apporte beaucoup.

Le soir elle rentre chez elle, le sourire aux lèvres. Sa mère et son frère sont déjà rentrés. Comme souvent Muriel regarde la télévision pendant que Thomas joue à un jeu stupide sur l'ordinateur.

A peine arrivée, elle grimpe dans sa chambre pour poser son sac de cours. Elle décide de ranger la chambre et ses affaires. Ce sera une bonne chose de faite avant le départ au ski. Un tri s'impose. Elle commence par essayer de mettre de l'ordre dans la pile de papiers et de cours qui s'amoncelle sur son bureau. Une fois ses cours rangés dans les classeurs et le courrier classé elle commence à y voir plus clair. Elle ramasse encore les quelques vêtements qui traînent au sol pour les déposer dans le panier à linge sale de la salle de bain. Elle en profite pour y prendre un sac poubelle vide. Elle doit absolument vider la corbeille de sa chambre. Après ce qu'elle y a déposé ce matin c'est la première chose qu'elle aurait du faire... Elle referme vite le sac. "Ça ne sent pas la rose là dedans ! J'espère que personne ne s'est approché de cette corbeille aujourd'hui."

Elle descend rapidement le sac dans la grande poubelle de dehors. Elle s'affale ensuite sur le canapé à côté de sa mère.

Muriel est à moitié endormie et a la plus grande flemme de préparer à dîner. Élodie le remarque immédiatement. Toujours d'excellente humeur elle embrasse sa mère et lui dit de se reposer.

  • Je prépare à manger. Es-tu partante pour des spaghettis carbonara ? - Parfait ma puce. C'est très gentil. - Je vous appellerai quand ce sera prêt. Repose toi bien.

Une demi-heure plus tard tout le monde dévore les pâtes cuisinées par Élodie. Thomas ne prend pas de dessert. Il veut retourner le plus vite possible continuer son jeu sur l'ordinateur. Trop accro à GTA 3 ! Cette fois Muriel ne prend même pas la peine de lui faire la morale. Comme souvent Élodie et sa maman se retrouvent toutes les deux à table à discuter tranquillement.

  • Tu as l'air d'avoir la forme ce soir. Je parie que tu as passé une bonne journée. - Non rien de spécial. A par que je vais dormir chez Julie demain. - Et comment ça ? Rien de spécial ? Je le connais ton petit air faussement neutre et détaché. Avec ton petit sourire au coin des lèvres. Je vois bien que tu as l'air heureux ... - Oui, je suis trop contente. On va passer la soirée ensemble, peut-être aller boire un verre avec d'autres amis. J'irai ensuite dormir chez elle. - Tu n'osais plus depuis ce qui est arrivé... Mais je suis ravie que tu te sois enfin décidée. Comme au bon vieux temps ! Tu sais qu'elle peut rester dormir quand elle veut à la maison. Elle a toujours été adorable avec toi. Propose lui de venir quand on rentrera de vacances. - Avec plaisir, on s'organisera des week-ends terribles !

Une fois la table débarrassée ils ne tardent pas à aller dormir. Même le petit Thomas tombe de sommeil et ne rechigne pas à éteindre le PC. Vers 22h tout ce petit monde est bien au chaud sous la couette.

Avant de s'endormir Muriel se demande pourquoi Élodie s'est finalement décidée à aller dormir chez sa meilleure amie. Peut-être est-ce grâce aux couches qu'elle lui a achetées pour les vacances au ski ? Elle aurait trop honte de mouiller les draps chez Julie... Même si Julie est parfaitement au courant de son problème. "Élodie va certainement prendre une couche pour aller chez Julie. Elles sont tellement proches qu'elle a du la mettre dans la confidence. Décider de lui acheter ces protections a été un moment très pénible. Mais finalement je ne le regrette pas ! Pour dormir à l'extérieur elle préfère ça plutôt que de risquer de tremper le lit. Elle a déjà l'air un peu plus libre. Passer du temps chez son amie ou au ski va lui faire beaucoup de bien".

De son côté Élodie s'est mise au lit sans mettre de couche. Elle ne veut pas gâcher son agréable soirée en mettant une de ces horribles choses. Optimiste, elle espère quand même passer une bonne nuit. Elle a bien fait attention à ne pas trop boire pendant le dîner et à retourner aux toilettes juste avant de dormir. Elle a également remarqué que ses accidents sont moins fréquents durant les périodes où elle se sent bien dans sa peau. Lorsqu'elle est plus détendue.

Effectivement la nuit fut reposante. Elle s'éveille sans l'aide du réveil qui sonne quelques minutes plus tard. Elle constate avec grand plaisir et non sans une certaine fierté que son lit est propre. Elle profite de cette occasion pas si fréquente pour se prélasser encore quelques instants dans son lit avant de se lever.

Toujours en pyjama, elle se dirige vers la douche. Sa mère occupe déjà la salle de bain, elle descend donc dans la cuisine. Elle avale une tartine et un café. Thomas n'est pas encore levé. Elle remonte pour le réveiller. Depuis qu'il est bébé elle adore réveiller son petit frère et lui faire un petit câlin. Maintenant Thomas est un peu grand et le câlin se transforme plutôt en un chahut tout aussi agréable.

  • Debout paresseux, tu vas être en retard ! - Oui chef ! J'arrive ! - Ton petit déj est prêt. Moi je file sous la douche. Ensuite dépêche-toi de te préparer.

Avant de partir à la fac Élodie doit préparer un sac avec de quoi sortir et dormir chez Julie. Elle sort un petit sac de voyage dans lequel elle glisse des sous-vêtements de rechange. Un string pour pouvoir porter un jean assez moulant qui met bien en valeur ses formes. Elle sait que ça ne laisse pas les garçons indifférents. Elle sort aussi un autre chemisier pour le lendemain. Elle doit encore prendre le nécessaire pour la nuit. Elle prépare sa trousse de toilette. Surtout ne pas oublier la brosse à dents ! Maintenant, d'un pas moyennement décidé, elle se dirige vers sa penderie. Elle l'ouvre et hésite. "Je vais vraiment mettre une couche chez elle ? C'est la honte ! Mais comme elle est déjà au courant pour les couches autant que j'en prenne une. Au moins je m'éviterai la honte de salir son lit. Surtout si on dort ensemble... A moins que je dorme par terre sur un autre matelas ? De toute manière elle est trop gentille alors elle ne se moquera pas de moi. C'est sûr... Voilà, c'est fait. Une seule c'est suffisant. Même si je me réveille mouillée au milieu de la nuit, je ne vais pas me changer alors que je dors dans sa chambre. Il faut aussi que je prenne un pyjama à mettre par dessus. Mais le rose est au sale. Dommage c'est le plus large que j'ai. Le gris est beaucoup plus serré et avec on voit déjà bien mes fesses légèrement rebondies. Je me demande bien de quoi j'aurai l'air avec une protection en dessous ? J'ai pas trop le choix... Et le haut de ce pyjama est trop chaud. Je vais plutôt prendre un débardeur. Ce sera même plus agréable pour dormir. J'ai tout je crois ? Tout va bien se passer. Mon sac de cours, mon manteau et c'est parti pour une longue journée" !

Dans le RER qui l'emmène à la fac Élodie est impatiente. Elle veut vite retrouver ses amis pour fixer le programme de la soirée. Julie a proposé d'aller dans le café où ils se retrouvent habituellement. Il est super agréable, pas trop bruyant et surtout on peut jouer au billard. Julie est déjà arrivée et elle est en pleine discussion avec le groupe d'amis. Finalement une autre copine et deux garçons viendront aussi au café ce soir. Au plus grand plaisir d'Élodie qui apprécie fortement la compagnie d'Édouard. Et c'est le moins qu'on puisse dire...

Les cours en amphi s'avèrent plus insipides que jamais ce matin. Après avoir terminé de lire le journal gratuit distribué dans le RER, Élodie ne tient plus en place. Assise entre Julie et Édouard elle trépigne d'impatience. Le droit des obligations, ce n'est pas sa tasse de thé !

  • Venez on s'en va. On va boire un café à la cafét. Je ne peux pas rester plus longtemps. - Non je veux rester pour prendre des notes. T'as qu'à partir avec Édouard. Je vous rejoindrai après, pour déjeuner. Vous pourrez faire des photocopies du cours plus tard. - OK alors viens avec moi Élodie, j'en peux plus de ce prof ! Je t'offre un café.

Élodie et Édouard ramassent discrètement leurs affaires et quittent l'amphi. Julie, qui reste assise, adresse un clin d'œil complice à Élodie qui répond avec un air malicieux.

Édouard est un grand brun aux yeux bleus. Il n'est pas spécialement baraqué mais elle le trouve super mignon. Elle a craqué sur lui dès la première fois où elle l'a vu au début de l'année. Elle ne le connaît pas encore bien mais elle a déjà remarqué son sens de l'humour en discutant avec lui entre les cours. Mais pour l'instant ils ne se voient qu'à la fac.

Ils s'installent à la cafétéria de la fac et discutent à bâtons rompus. Le courant passe bien. Ils évoquent même certains sujets personnels, familiaux. Elle se sent tellement à l'aise avec lui que, lorsqu'il la questionne sur sa famille, elle lui parle même de la m o r t de son père et pour une fois cela ne plombe pas l'ambiance. Ils ne voient pas le temps passer. Décidément elle préfère être ici avec Édouard plutôt qu'en cours. Julie et une autre copine finissent par débarquer pour déjeuner. Ils fixent un rendez-vous pour ce soir à 21h.

Après les cours Julie entraîne Élodie chez elle. Elle habite dans une petite maison à un seul étage. Elle est située dans une sorte de résidence moderne de la banlieue ouest de Paris. Pas très loin de chez Élodie. Toutes les maisons de la résidence se ressemblent et sont presque collées les unes aux autres. La maison est moderne. Elle n'est pas très grande mais meublée très confortablement.

On voit que Julie occupe cette chambre depuis longtemps. Elle est très encombrée par de la décoration et par des objets qui ont grandi en même temps qu'elle. C'est un mélange de vieux posters, de boîtes, de peluches et de photographies de toutes les époques de sa vie. Une grande penderie lui permet de ranger tous ses vêtements. Sur la commode, trône un cadre avec une photo d'Élodie et Julie en maillot de bain sur plage. La photo date de la période du collège.

Comme elles le font souvent, elles s'allongent sur le grand lit deux places de Julie pour papoter ou lire des magazines.

  • Alors ça avance avec Édouard ? - Pourquoi tu demandes ça ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler... - J'ai bien vu comment tu le regardes. Quand il est là tu n'arrêtes pas de sourire et de rire. - T'as raison. J'espère que je lui plais aussi. - Bien sûr ma chérie. T'es la plus belle. Il ne pourra pas te résister. - On va voir... Je suis trop contente qu'il vienne avec nous ce soir. - Si tu veux je pourrai faire l'entremetteuse et lui dire que tu veux sortir avec lui. - T'es folle ! On est plus au collège. Il me prendrait pour une gamine. - Bah de toute façon t'es un peu une gamine. - Non ! Tu lui dis rien du tout. Je me débrouille toute seule. OK ? - OK, c'est bon. Je resterai discrète. Motus... Mais je compte sur toi. Je trouve que vous allez bien ensemble. En plus il est trop beau alors tente ta chance. Sinon je te le vole et c'est moi qui vais sortir avec lui. - Grosse pouf ! Julie t'as pas intérêt à me le piquer. Trouve toi quelqu'un d'autre.

Elles roulent sur le lit et font semblant de se battre. A ce moment elles entendent un bruit dans la maison. C'est la mère de Julie qui rentre du travail. Elle est institutrice dans une école maternelle et s'occupe d'une classe d'e n f a n t s de quatre ans. Le père de Julie n'est pas encore rentré à la maison. Il est pilote de ligne, affecté au secteur long courrier d'une grande compagnie aérienne. Il ne travaille pas aujourd'hui mais part demain matin pour une rotation vers la Guadeloupe en Boeing 747. Julie a également une petite sœur de cinq ans, Mathilde, scolarisée dans l'école où sa mère travaille. Vu que le père est souvent absent pour de longues périodes, cela simplifie l'organisation.

  • Salut les filles ! - Bonjour. - Julie m'a dit que tu vas rester avec nous jusqu'à demain. Ça me fait très plaisir. - Moi aussi, je suis super contente. J'espère que je ne dérange pas. - Bien sûr que non. Tu es toujours la bienvenue. - Merci dit-elle, puis elle s'adresse à sa fille : Papa rentrera un peu tard ce soir. Il est parti en vol pour la journée avec ses amis. Ils voulaient essayer un nouveau truc avec leur avion. Je crois que c'est le système d'oxygène qu'ils ont fait installer. Enfin bon tu sais bien comment il est. Quand il n'est pas en vol pour le travail, il part en vadrouille avec le Cessna... - Pff... oui. - On ne va pas l'attendre pour le dîner. Vous restez toutes les deux pour manger ? - Oui maman. On sort après. - Pas trop tard, vous avez un cours demain.

Le père de Julie a récemment acheté un petit avion en copropriété avec quatre autres amis, pilotes eux aussi. Il s'agit d'un Cessna 210 qui date des années 1970. Un monomoteur à hélices de six places. Cet avion n'a absolument rien à voir avec un jet privé mais est très performant pour un petit avion d'aéroclub. Il a permis à ces passionnés de vivre des aventures grandioses. Son père a les moyens financiers de réaliser ses rêves !

Pendant ce temps la petite Mathilde trotte non pas vers sa grande sœur mais vers Élodie. Elle attr a p e la main d'Élodie et l'entraîne dans sa chambre pour lui montrer un joli dessin qu'elle a préparé pour elle. Elle attendait depuis un moment de pouvoir lui donner. Élodie attr a p e Mathilde dans ses bras, la soulève et l'embrasse. Comme si elle était encore un bébé. Depuis sa naissance, Élodie a toujours adoré la petite sœur de Julie et s'en est toujours occupée comme de sa propre sœur. C'est toujours une fête pour Mathilde quand Élodie vient leur rendre visite.

Julie et sa mère sont restées dans le salon.

  • Alors, vous faites quoi ce soir ? - On va au Globe. Comme d'habitude. T'inquiètes maman. On ne rentrera pas trop tard. On ne va pas trop boire non plus. - Je vous fais confiance. Vous êtes grandes maintenant. - Merci. Tu veux que je t'aide à préparer le dîner ? - Non c'est bon. Va retrouver Élodie. - D'accord. - Attends un instant. On s'organise comment pour cette nuit avec Élodie ? Comme c'est la première fois qu'elle reste dormir depuis la m o r t de son père je ne sais pas trop comment faire. - A propos de ses petits problèmes la nuit ? - Oui. Je l'aurais su si le problème était résolu. Sa mère m'en aurait parlé ! Vous allez quand même dormir dans le même lit ? Tu veux que je mette une alèse sur le matelas au cas où... - Si elle veut elle pourra dormir dans mon lit. Sinon on sortira un matelas. Mais à mon avis ça ne sera pas la peine. Et, à priori pas besoin d'alèse pour protéger le lit. Je crois qu'elle va mettre quelque chose pour dormir... C'est sa mère qui a eu l'idée pour qu'ils puissent partir au ski chez des amis. - Une couche ? - Oui. Mais surtout fais comme si tu ne le savais pas. Je ne devais rien te dire. Elle va me tuer sinon.

  • Ah, d'accord je comprends mieux maintenant. N'aies pas peur, je ne dirai rien. A tout à l'heure.

La mère de Julie se retourne et ne peut s'empêcher d'afficher un sourire incrédule. "La pauvre, son problème ne s'arrange vraiment pas. Des couches ! Ce ne doit pas être facile à vivre ! Heureusement qu'elle a une copine compréhensive comme ma fille".

Chapitre 6

Edouard se prépare à sortir. Il vit seul dans un studio pas très loin de la fac. Il préfère prendre sa voiture pour rejoindre les autres au bar. L’inconvénient lorsque l’on doit rentrer en conduisant, c’est qu’il faut y aller doucement avec l’alcool. Mais le bus qu’il aurait du prendre ne circule plus après 21 h… Et ne pas trop boire lui permettra d’être plus en forme pour travailler le lendemain. Edouard se classe sans aucun doute dans la catégorie des élèves sérieux.

Après avoir enfilé une chemise plutôt élégante il observe son reflet dans la glace de la salle de bain. Une touche de gel donne un peu plus de volume à ses cheveux. Pour lui, l’objectif de la sortie n’est pas spécialement de draguer. Passer du temps avec les potes à boire des bières, quoi de meilleur ? En plus il est relativement timide avec les filles. Mais il n’a plus de copine attitrée depuis un moment déjà. Alors, même s’il ne connaît pas encore bien Julie et Elodie il n’est pas indifférent à leurs charmes. Julie, la petite brune au sourire malicieux, a des formes plutôt attirantes. Le succès de Julie auprès des hommes doit aussi beaucoup à son caractère extraverti et jovial. Au contraire, Elodie apparaît à Edouard comme plus réservée et moins pétillante, un peu étrange parfois. Pourtant cette jolie blonde lui plaît de plus en plus. Elle est plus grande que Julie, un peu moins ronde. Elle semble plus douce. Le moment très agréable qu’il a passé avec elle aujourd’hui lui donne envie de la voir plus souvent. A la cafétéria, pendant qu’elle lui parlait, Edouard était perdu dans ses magnifiques yeux bleus. Le jeune homme s’écarte de son miroir, attr a p e les clefs de sa voiture et sort de chez lui. "Comment ne l’ai-je pas remarquée plus tôt ? Cette fille a un regard absolument troublant. Je vais essayer de mieux la connaître".

Chez Julie, au moment du dîner, l’ambiance est légère et détendue. Sa mère et elle n’arrêtent pas de plaisanter à propos du petit béguin d’Elodie pour Edouard. En réalité c’est la première fois qu’Elodie s’intéresse vraiment à un garçon depuis l’accident de son père. Après avoir mangé elles se préparent à sortir.

  • On ne peut pas te faire confiance Julie ! Tu ne devais le dire à personne. Maintenant tout le monde va le savoir. Si ta mère le sait, ma mère aussi va le savoir. Elle va me poser plein de questions indiscrètes. En plus je ne suis même pas amoureuse de lui… - Mais bien sûr Elodie. Je te crois. Maintenant termine de te préparer. On va arriver à la bourre sinon. Tu ne voudrais pas faire attendre Edouard ?

En la regardant s’habiller Julie a soudain l’air préoccupé. - Au fait Elodie, on fait comment pour cette nuit ? Tu dors dans le lit ? Ou … euh… tu préfères qu’on sorte un matelas ? Dans ce cas il faudrait mieux qu’on prépare les draps et la couette avant de partir. - Pour dormir j’ai pris ce dont je t’ai parlé. Tu sais… Alors j’hésite. T’es sûr que ça ne te gêne pas que je dorme dans le lit. Je risque de ne pas être très fraîche au réveil. ça sera probablement moins désagréable pour toi si je dors à côté, sur le matelas. - Qu’est-ce que tu racontes ? C’est pour toi que cette histoire est pénible. Pas pour moi. Et je préfère que tu sois à côté de moi sous la couette. C’est bête mais je dors mieux quand il y a quelqu’un avec moi dans le lit. Surtout quand c’est toi. Alors depuis le temps que tu n’es pas venue… la question est réglée, tu dors dans le lit ! On va dormir ensemble comme au bon vieux temps. - Bon si tu ne trouves pas ça trop dégoûtant, alors d’accord. - Mais non ! Essaye de dédramatiser un peu. Rappelle toi que ce n’est pas de ta faute. En plus avec ce que tu portes pour dormir… T’auras juste à l’enlever le matin. Ni vu ni connu. Même si t’as eu un petit problème, on pourra directement aller prendre le petit déjeuner sans que personne ne soit au courant de rien. En plus à l’heure à laquelle on va se lever il n’y aura plus personne à la maison.

  • Facile à dire Julie.

  • Oui c’est sûr. Mais je peux faire autre chose pour t’aider.

  • Je ne vois pas. Quoi ?

  • Je vais parler sérieusement à ta stupide vessie ! A partir de maintenant elle a intérêt à être sage et à ne plus faire des siennes. Sinon elle aura à faire à moi ! - Là tu te moques de moi. C’est pas drôle.

  • Non. Ça a marché avec Mathilde. J’ai eu une petite conversation avec sa vessie et depuis trois semaines on ne lui met plus de pull-up pour dormir. Elle est quasiment propre la nuit maintenant.

  • Merci d’essayer de détendre l’atmosphère mais je n’arrive vraiment pas à rigoler à propos de ça. Je n’ai pas l’âge de Mathilde. On y va maintenant ? Je suis prête. - Arrête de te t o r t u r e r pour rien et profite de notre petite soirée.

Après un court trajet en RER, elles arrivent les dernières au rendez-vous dans le bar. Les trois autres amis sont déjà là. Elles s’installent à l’extrémité d’une table toute en longueur. La salle, plutôt petite, n’est pas trop bondée. La décoration donne un aspect chaleureux à l’établissement. Un billard trône au fond de la salle, à l’écart de l’endroit où s’installent les clients. Elodie s’assied au bout sur la confortable banquette installée contre le mur. Elle constate avec plaisir qu’Edouard se trouve lui aussi en bout de table, en face d’elle.

Le patron du bar arrive rapidement pour prendre les commandes du groupe. Sans surprise des pintes de bières font leur apparition quelques minutes plus tard. A part Edouard qui conduit pour rentrer, les autres ne se limiteront pas à cette première tournée. Au début, les conversations tournent autour de la fac, des potins sur les professeurs, des examens. Puis, l’alcool aidant, les langues se délient assez vite. Les sujets changent, le volume sonore s’élève. En y regardant de plus près on s’aperçoit qu’en réalité, deux personnes ne participent absolument pas à la discussion du groupe. Edouard et Elodie ont engagé leur propre tête-à-tête. Au bout d’un moment, sans même proposer aux autres de les suivre, ils se dirigent vers le billard. - Elodie on joue mais celui qui gagne doit donner un gage au perdant. D’accord ?

  • Ok. Attention tu ne sais pas contre qui tu joues. Je suis une véritable championne. Tu n’as aucune chance.

  • C’est ce qu’on va voir madame la championne du billard !

Vingt minutes plus tard, Edouard met la dernière boule et gagne la première partie. Elodie ne s’avoue pas vaincue. Avant d’accepter un gage elle exige une revanche. À cet instant Julie et les autres arrivent avec le ravitaillement en bière. Cette fois, avec les conseils et l’assistance technique de Julie, la revanche se déroule beaucoup mieux pour Elodie. Elle remporte cette manche. Des nouvelles bières surgissent et la belle s’engage. Le combat devient inégal. Edouard n’a bu que la première tournée de bière. Contrairement à Elodie dont la concentration commence à se relâcher. Ses coups deviennent imprécis alors, elle doit vite se rendre à l’évidence, la partie est perdue.

Edouard réfléchit au gage qu’il va donner à Elodie. Lui demander de l’embrasser lui traverse l’esprit.

Non, ça serait trop gamin. Nous ne sommes plus au collège ! Dommage parce que j’en ai trop envie. Bon je vais lui demander de m’inviter au cinéma. En plus elle verra bien que je cherche juste un bon prétexte pour passer un après-midi avec elle.

  • Je me suis décidé pour ton gage. T’es prête à souffrir ?

  • Vas-y mollo, on n’a pas fixé de limites au début. T’as pas intérêt à me demander un truc trop extrême. - Du calme miss, tu dois juste m’inviter au cinéma. T’as pas le choix. Par contre je suis grand seigneur, je te laisse choisir le film et la date. Mais n’attends pas trop longtemps. Ok ?

  • Bon d’accord. On a vu pire comme gage. Heureusement pour toi que tu as gagné. Je n’aurais pas été aussi gentille avec toi.

Une tournée de bière plus tard Edouard constate qu’il est temps de rentrer. Les autres membres du groupe ont visiblement assez bu pour ce soir. Il propose à Julie et Elodie de les raccompagner en voiture. Les deux autres habitent juste à côté du bar et rentrent à pieds. Dans la voiture Julie questionne ses deux amis. L’heure tardive et l’alcool ont eu raison de son tact pas si légendaire que ça.

  • Alors Edouard comment tu trouves Elodie ? Elle est canon ? - Julie stop ! T’es folle de poser des questions comme ça. Ça ne te regarde pas et je ne sais pas si t’as remarqué mais je suis aussi dans la voiture. - Oh ça va, vous avez passé toute la soirée ensemble à vous regarder avec des yeux de merlans frits. J’ai bien compris qu’il se passe quelque chose entre vous. Pas la peine de faire des manières. -Nous sommes arrivés les filles. C’est bien ta maison Julie ? Je m’arrête ici ?

  • Oui c’est ici. Tu peux te garer. Merci. Tous les trois descendent de la voiture pour se dire au revoir. Julie et Edouard sortent du même côté gauche de la voiture pendant qu’Elodie qui était assise à l’avant sort du côté droit. Edouard en profite pour glisser discrètement un mot à l’oreille de Julie.

  • J’ai fait semblant de ne pas entendre ta question dans la voiture, mais oui, je trouve qu’Elodie est super. - Alors je t’autorise à la revoir. Mais t’as intérêt à être gentil avec elle. Sinon ma vengeance sera féroce. - Compris Madame je ne ferai pas de mal à votre protégée ! Après avoir adressé un sourire à Julie, qui a gardé son air protecteur, il se dirige vers Elodie. Debout devant elle, il hésite à l’embrasser. A sa grande surprise c’est finalement Elodie qui, rendue euphorique par l’alcool, se jette à son cou. Ce simple contact physique fait naître le désir chez eux. Ils s’embrassent timidement puis s’étreignent un moment. Ils se séparent à regret.

Les filles referment la porte de la maison avant de rejoindre la chambre en titubant légèrement. Affalée sur le lit, lascive, Elodie est submergée par l’émotion. Depuis l’accident de son père elle n’a pas eu un seul petit copain. Elle n’en avait même pas réellement envie. Et les rares fois où elle en a eu envie elle a été trop timide pour aborder le garçon en question. Mais pas cette fois. Heureusement parce qu’un an sans copain ça commence à faire long. Maintenant elle sait qu’elle plaît à Edouard. Elle est toute excitée à l’idée de passer du temps seule avec lui. Bonne idée ce cinéma… - Félicitations ma grande ! J’ai l’impression que tu as réussi à séduire l’un des plus beaux mecs de la fac. - Non pas l’un des plus beaux, c’est le plus beau et je me demande bien quel film je vais l’emmener voir.

  • Tu t’en fous, de toute façon vous n’allez pas regarder le film.

  • Très drôle. - Bon on se prépare à dormir ? Tu veux prendre une douche maintenant ? Moi je suis trop claquée. J’en prendrai plutôt une demain matin.

  • Non ça va. Je préfère aussi prendre ma douche le matin. - Alors je ne mets pas le réveil trop tard. Demain on a cours à 11 h. donc on doit partir à 10 h. 20 au plus tard. Et nous devrons toutes les deux prendre une douche et manger un truc.

  • T’as qu’à le mettre à 9 h. ça sera suffisant. On aura même le temps de se faire un bon petit déjeuner. Comme quand nous étions plus jeunes. Je vais chercher mes affaires et mon pyjama dans mon sac.

  • Ton pyjama ? On fait une soirée pyjama ? Houa, trop la classe ! T’aurais au moins pu prendre une petite nuisette bien sexy pour dormir avec moi. Je suis trop vexée.

Tout d’un coup, Elodie a l’air très gênée par la plaisanterie de son amie. Elle vient de se rappeler pourquoi elle a choisi ce pyjama assez épais et pas du tout glamour. Essayer de dissimuler une couche sous une légère nuisette aurait été impossible. A cette pensée son sourire qui ne l’a pas quitté de la soirée s’efface. Elle reste debout sans bouger avec son sac et son pyjama dans les mains sans savoir quoi faire. Une boule lui serre la gorge, l’empêche d’avaler sa salive.

Julie ne remarque rien. Elle se lève du lit, se déshabille sans pudeur et enfile la nuisette blanche qui était restée sous sa couette. Sa tenue est très courte et près du corps. Ensuite elle se précipite vers les toilettes. Vu la quantité de bière ingurgitée, ce n’est pas la première fois de la soirée. En revenant elle se rend compte qu’Elodie n’a pas avancé. Quelque chose ne va pas. Elle réalise vite ce qui perturbe son amie. Elle veut lui éviter de l’embarrasser encore plus. Doit-elle préserver son intimité et faire semblant de ne rien voir ? Doit-elle éviter de faire allusion à son problème ? Mais peut-être que lui parler pour dédramatiser et pour l’encourager lui simplifiera la chose ? - Aller ma chérie, mets ton pyjama. Après tu iras aux toilettes. Comme ça, quand tu auras fini, tu pourras mettre là bas ce que tu as apporté pour dormir. Enfin, fais comme tu veux. Mais à ta place je pense que ça me rassurerait aussi de me protéger pour dormir. Ne t’inquiète pas je comprends. - Oui j’y vais. Il le faut bien. Tu sais, d’habitude j’évite de boire après le dîner. Alors ce soir après tous ces verres… - Ne sois pas défaitiste, tout va bien se passer. Et puis on s’en fiche. Ce qui compte c’est qu’on passe du bon temps entre amies comme avant. Et qui va avoir un nouveau copain qui est trop beau gosse ?

  • Bien sûr j’ai passé une trop bonne soirée. Je suis juste énervée de devoir la terminer comme ça. - Ben quoi ? Tu as la chance de dormir avec moi. Demain matin on se fera un super petit déjeuner. Alors la partie sympa n’est pas terminée. On peut encore largement profiter de notre petit moment ensemble. Même si ton pyjama est un peu moche on ne va pas se gâcher la soirée pour ça.

  • Comme toujours t’as raison. Je stresse trop et je me prends la tête alors que ça ne sert à rien. - Bon je vais me laver les dents. Je t’attendrai dans le lit le temps que tu te prépares.

Chapitre 7

Dès que Julie sort de la chambre, Elodie enlève lentement ses vêtements puis se glisse dans son pantalon de pyjama gris. Il n’est pas si large que ça et ne masque pas complètement ses formes. Le tissu est assez fin. Dessous on devine facilement la présence de ses jolies fesses. Elle enfile un débardeur blanc bien confortable. Puis, résignée, elle fouille dans son sac pour attr a p e r la couche qu’elle a cachée sous ses autres affaires. Elle jette un regard vers la porte pour vérifier que Julie n’est pas revenue. Elle la sort du sac et la dissimule tant bien que mal sous son haut, contre son ventre. Même si Julie est au courant elle ne veut pas lui montrer. C’est trop personnel. Et ce n’est pas la peine non plus que les autres membres de la famille ne la surprennent avec ça au moment où elle va aux toilettes pour la mettre. Elle court s’y enfermer. Assise sur la cuvette des toilettes pour faire ses besoins elle commence à déplier la couche. Elle a légèrement la tête qui tourne à cause de l’alcool et se perd dans ses pensées.

"Quelle galère ce truc ! Rien qu’en la dépliant elle fait déjà du bruit. Pourvu que personne ne m’entende pendant que je lutte pour mettre correctement ma couche".

Debout, le pantalon baissé, elle essaye désespérément d’ajuster correctement sa couche. Mais debout et sans expérience, elle n’y arrive pas. Elle n’a même pas encore essayé de scotcher les adhésifs. Elle ne sait pas si on peut faire plusieurs essais. Les adhésifs tiennent-ils encore après les avoir décollés et ensuite recollés pour les repositionner ? Vu qu’elle n’a emporté qu’une seule couche elle préfère être prudente. La fois précédente elle s’était instinctivement allongée sur son lit pour se changer. Et c’était nettement moins difficile ainsi. Elle commence à s’énerver et à pester tout bas. "m e r d e c’est pas possible ! Comment je vais faire pour attacher ce truc ? Il faut trois bras ou quoi ? Si je mets la protection comme ça elle sera mal mise et elle va fuir si je fais pipi. Dans ce cas autant que je ne me ridiculise pas à la mettre. Le seul moyen qu’elle soit bien mise c’est que je m’allonge comme la dernière fois".

Fébrilement elle replie sommairement la Tena Slip pour la dissimuler derrière son dos. Elle se précipite vers la salle de bain où elle espère pouvoir se changer au sol. Mais lorsqu’elle aperçoit l’état du carrelage elle sent l’affolement la gagner. Impossible de s’allonger ici avec toutes ces flaques d’eau ! En effet le père de Julie, rentré peu de temps avant les filles, n’a pas été très soigneux en prenant sa douche. En général il ne prend même pas le temps de tirer le rideau de douche. Des larmes commencent à rouler le long des joues d’Elodie. La panique l’envahit et elle ne parvient plus à réfléchir à une solution. Elle reste un moment à S a n g loter. "Pas moyen que je mette ma couche ici non plus ! C’est trop crade par terre. J’abandonne ! De toute façon j’ai pas envie de dormir avec ça. À 20 ans, quelle honte… Mais je ne peux pas non plus passer la nuit dans le lit de Julie sans protection. Et même si j’essaye de passer la nuit sans dormir, je risque la catastrophe. A tous les coups je vais m’endormir quand même et tremper son lit. Et elle ne comprendrait pas que je mouille ses draps alors que j’ai une couche dans mon sac que je n’ai pas voulu mettre. Ça serait quoi l’excuse ? Désolée Julie, j’ai sali ton lit parce que j’ai pas réussi à mettre ma couche… J’aurais l’air encore plus ridicule. Bon il ne me reste plus qu’à retourner dans la chambre. Pour mettre ma couche sur le lit. Je me demande bien ce que Julie va penser de moi. Elle me réconforte toujours mais elle doit me prendre pour une folle. Une espèce de tarée qui pisse au lit et qui doit encore porter des couches… Si ça se trouve elle est sympa avec moi uniquement parce que je lui fais pitié " !

Dans la chambre, sous sa couette, Julie commence à s’impatienter. Elle est heureuse pour Elodie. Les choses se sont bien passées avec Edouard. C’est exactement ce qu’il lui fallait. Ça va lui faire du bien et lui redonner confiance en elle. La porte s’ouvre à ce moment. Elodie a les mains dans le dos comme pour cacher quelque chose. Julie ne se rend pas immédiatement compte du désarroi de sa copine.

  • Alors ma chérie t’en a mis tu temps ! T’es enfin prête à me rejoindre ? Quoi, pourquoi tu pleures ? Qu’est-ce qui ce passe ?

  • Je ne suis pas encore prête à aller me coucher. - Et bah c’est pas grave. On n’est pas pressées. Quel est le problème ? T’as besoin de quelque chose ?

  • Euh… oui.

  • Vas-y. Dis moi ce que je peux faire pour t’aider ? Je suis certaine que ce n’est pas si grave. - Je ne peux pas le faire debout. J’aimerais utiliser ton lit pour m’allonger. - De quoi, je ne comprends pas ce que tu racontes. T’as trop bu ou quoi ?

  • Ben euh… je dois m’allonger. Pour réussir à mettre correctement ce dont j’ai besoin pour dormir.

  • à je vois. Pour… Je suis vraiment désolée. Je pensais que tu pouvais juste l’enfiler discrètement dans les toilettes. - Non je ne peux pas. C’est stupide mais je n’y arrive pas debout. - Désolée d’être indiscrète mais tu n’utilises pas des sortes de pull-up comme on mettait à ma petite sœur ? - Eh… Non. Il y a des autocollants pour l’attacher. Alors je dois m’allonger pour les fixer et mettre bien en place la protection. Sinon elle serait trop mal mise. Je t’assure que c’est pas si facile de le faire toute seule correctement. En plus j’ai pas encore trop l’habitude… - Je comprends. J’aurais du y penser plus tôt et te laisser plus longtemps toute seule dans la chambre. Pour que tu puisses mettre ton pyjama et le reste. Ne te mets pas dans cet état pour ça s’il te plaît. C’est rien. Je vais te laisser seule un moment dans ma chambre. Comme ça le problème est résolu. Tu pourras te préparer tranquillement sur mon lit. - Merci. J’aurais du te le demander tout de suite mais j’ai pas réalisé immédiatement que j’ai besoin d’être allongée pour le faire. Je suis désolée, d’habitude une soirée normale ne se termine pas comme ça. J’espère que tu ne me prends pas trop pour une dingue à cause de tout ça ? - Mais non ma chérie je ne te prends pas pour une dingue. Tu sais que t’es géniale. Ton petit problème ne change rien. Je te le répète, ne sois pas gênée pour ça. Maintenant je t’attends dans le salon. N’hésites pas à me dire si tu as encore besoin de quoi que ce soit. Et viens me chercher dès que t’es prêtes.

Allongée sur le lit, sans son pantalon, elle glisse la couche sous ses fesses. Cette fois elle réussit à bien l’ajuster. Après avoir collé les adhésifs elle se lève et marche quelques pas pour vérifier que la protection est confortablement mise. Lorsqu’elle marche elle déteste sentir cette épaisseur qu’elle a entre les jambes. Elle termine par s’assurer que les barrières anti-fuites sont bien positionnées. Des fuites dans le lit de Julie seraient particulièrement mal venues. Surtout pour un premier essai chez elle. Elle termine par remettre son pantalon.

Enervée et gênée elle s’est changée mécaniquement en essayant de ne pas y penser. D’une manière résignée elle vérifie que le débardeur recouvre bien le haut de sa couche et elle part chercher Julie dans le salon. Elle ne prend pas la peine de s’observer dans la glace pour voir à quel point elle a l’air ridicule. Elle fait aussi abstraction du bruissement de plastique qu’elle fait en marchant. La soirée l’a trop épuisée nerveusement pour qu’elle se préoccupe encore de s’embarrasser devant Julie.

Assise sur un canapé du salon Julie regarde la télévision en attendant. Lorsqu’elle a proposé à Elodie de dormir ici elle ne pensait que les choses seraient aussi compliquées. Elle imaginait qu’Elodie allait juste enfiler sa couche discrètement et qu’elles n’auraient pas à en parler. Elle aurait préféré faire semblant de ne rien voir. Pour pouvoir passer une soirée normale plutôt que de devoir réconforter son amie en larmes. Au moins ça a aurait été plus simple. Mais dormir à l’extérieur avec son handicap est une première pour Elodie. En plus elle lui a un peu f o r c é la main, alors elle se sent un peu responsable. Elle doit tout faire pour rassurer son amie, pour lui rendre les choses les plus faciles possible.

L’arrivée d’Elodie la tire de ses pensées. Elle arrive avec une démarche étrange, assez lente avec la tête baissée.

  • Voilà Julie, j’ai fini. Tu peux revenir.

  • Ok parfait, j’arrive Elo. Je dois d’abord éteindre la télé.

Mal à l’aise Elodie ne l’attend pas et retourne vite se cacher sous la couette. Julie ne peut réprimer un léger sourire en la voyant. Heureusement qu’Elodie ne le voit pas puisqu’elle est repartie trop vite. Mais Julie est amusée malgré elle lorsqu'elle aperçoit les grosses fesses qu’a Elodie à cause de la couche. Et impossible de ne pas remarquer le bruit caractéristique qu’elle fait quand elle marche.

Elo n’a pas fait les choses à moitié ! Quand elle m’a parlé de couche j’imaginais une sorte de pull-up comme mettent les grands e n f a n t s qui pissent encore au lit. Ils font la pub à la télé pour ce genre de trucs. Mais là apparemment c’est comme une vraie couche de bébé. Ou plutôt pour les vieux grabataires. Maintenant je comprends mieux pourquoi elle est si gênée. Au moins, avec ça, elle ne risque pas de salir mon lit. Tant mieux !

Elles sont maintenant toutes les deux dans le lit. L’ambiance est plutôt curieuse au début. Personne ne parle. Elodie n’ose pas bouger pour ne pas faire de bruit avec sa couche. Julie ne sait pas trop quoi dire pour dissiper le malaise qui règne. Au bout d’un moment elle prend une initiative. Elle s’approche d’Elodie et place sa tête contre l’épaule de son amie. Puis elle passe doucement son bras sur le ventre d’Elodie qui ne réagit pas.

  • Je sais que tu traverses une période très difficile depuis un an. Je suis vraiment triste pour toi et j’aurais aimé pouvoir en faire plus pour t’aider. Mais je ne savais pas exactement quoi. J’ai aussi l’impression que les ennuis que tu as parfois la nuit nous ont éloignées. Je suis désolée d’en reparler. Mais je t’assure que tu restes la super Elodie que j’adore. - Merci, c’est trop gentil. Ton soutien m’a beaucoup apporté. Je crois que je commence à me remettre. Je voulais rester aussi proche de toi qu’avant. Mais c’était impossible de passer les mêmes moments qu’avant où on restait dormir ensemble. Maintenant j’espère qu’avec ces protections ma vie sera plus facile. Même si c’est pas une véritable solution. Je déteste mettre ces trucs et j’ai peur de devoir le faire encore longtemps. Alors que tu m’invites quand même et que tu ne te moques pas de moi me rassure énormément.

  • Ça ne pose aucun problème pour moi. C’est comme si tu devais porter des lunettes. On a tous nos petits défauts. Moi par exemple je ronfle souvent. Surtout après une soirée bien arrosée comme aujourd’hui. Tu ne te moqueras pas de moi j’espère ?

  • On verra ça ma grande. Peut-être que je vais t’enregistrer et le faire écouter à tes futurs petits copains ?

  • Si tu fais ça t’es m o r t e Elodie. »

Alors que l’atmosphère est détendue elles continuent à discuter un court moment avant de s’endormir vers 2 h. du matin. Les émotions de la journée et l’alcool ont lessivé les deux jeunes filles. Elodie s’endort avec l’espoir de ne pas faire pipi au lit cette nuit. Elle veut montrer à Julie qu’elle en est capable, qu’elle ne se mouille pas toutes les nuits. En plus si ça se passe bien la première nuit elle aura moins d’appréhensions les fois prochaines.

Lorsqu’il s’endort Edouard repense encore à la soirée. Il est content de la manière dont les choses ont tourné avec Elodie. Il l’a trouvée sublime ce soir. Elle est exactement son type de fille. Par contre il a la sensation qu’elle a quelque chose d’étrange. A la fac il l’a trouvée légèrement timide et réservée. Mais ils ont quand même réussi à bien parler. À la cafétéria de la fac elle lui a même parlé de sa famille et de la m o r t de son père. Ça doit être le signe qu’elle lui fait confiance et que les choses vont bien se passer entre eux. Et puis elle n’est pas si coincée que ça. C’est elle qui a commencé à l’embrasser. Et ce n’était pas désagréable du tout… L’autre chose un peu bizarre que j’ai remarqué c’est la manière dont Julie est hyper protectrice avec Elodie. Par exemple au moment de sortir de la voiture quand je les ai raccompagnées. Depuis quand doit-on demander l’autorisation à la meilleur copine pour sortir avec une fille ? Je me demande si ça ne cache pas quelque chose ?

Avant que le réveil ne sonne Julie se réveille. Elle soupire en voyant l’heure sur le radio réveil qui brille dans le noir. Il n’est que 6h30 du matin et elle doit se lever pour aller aux toilettes. Aucune chance qu’elle puisse se rendormir sans y aller. Difficile de passer une bonne nuit de sommeil quand on a trop picolé ! Elle sort discrètement de la chambre pour ne pas réveiller Elodie. Au passage elle s’arrête dans la salle de bain pour boire un peu et avaler un cachet d’aspirine. Un léger mal de crâne commence à s’installer, alors la matinée s’annonce difficile. Lorsqu’elle entre à nouveau dans sa chambre Elodie dort toujours. Comme Julie elle dort sur le côté. Pas moyen de réussir à s’endormir allongée sur le dos ou même sur le ventre. La position dépend certainement des habitudes de chacun.

Elodie respire bruyamment mais sans ronfler. Ses longs cheveux blonds, détachés, recouvrent une partie de son visage. Son sommeil semble profond puisque le retour de Julie dans le lit ne la perturbe absolument pas. Pourtant Julie a fait du bruit lorsqu’elle a trébuché sur quelque chose qui traîne sur le sol. Ses yeux n’étaient plus habitués à l’obscurité. Lorsque Julie soulève la couette pour s’installer à nouveau dans le lit elle remarque une odeur pas très forte mais assez désagréable. Ça pue un peu, c’est quoi cette odeur ? Je n’ai pas dû la remarquer en me levant parce que j’y étais habituée après avoir dormi dans la pièce. Ça doit être Elodie qui a mouillé sa couche. Ça sent un peu la pisse. C’est dégueu, j’espère que les draps et le matelas ne sont pas tâchés. Je ne voulais pas la gêner mais j’aurais du mettre une alèse. D’ailleurs je crois que même si sa couche ne fuit pas je changerai les draps quand même. On verra bien si l’odeur reste. Mais il n’y a pas de raison. D’ailleurs maintenant que j’ai rabattu la couette je ne sens plus rien. Il faut que je me dise qu’Elodie, malgré son problème, n’est pas plus crade que ma petite sœur Mathilde. Et je n’ai jamais été dégoûtée par Mathilde et ses couches ou ses pull-ups au réveil. Même quand on dormait ensemble. Il n’y a rien de sale puisque la couche absorbe tout. Non ?

Bon c’est sûr Elodie n’a pas le même âge… La pauvre, je n’aimerais pas être à sa place quand elle va se réveiller. Elle sera déçue car elle aurait vraiment aimé ne pas avoir d’accident cette nuit. Dommage.

Le lendemain matin, Muriel la mère d’Elodie, reçoit un appel de son amie Sarah qui possède le chalet à la montagne. Elle demande à Muriel si elle peut faire le voyage dans leur voiture avec Elodie et Thomas. - Le reste de ma famille pourrait partir dès vendredi matin mais comme je travaille, je serai bloquée jusqu’à 17h30. Je sais que vous partez le soir. Alors j’aimerais savoir si tu as une place pour moi dans ta voiture ?

  • Bien sûr nous ne sommes que trois. Alors pas de problème.

  • Merci beaucoup. Et ne t’inquiètes pas pour les bagages. Je ne vais pas encombrer ton coffre. Mon mari prendra ma valise et je ne prendrai que le minimum.

  • Je passe te chercher à 18h30. On avait prévu de dormir sur la route pour que je puisse me reposer vu qu’Elodie ne conduit pas mais si t’es là tu pourras me relayer au volant et on n’aura pas besoin de s’arrêter pour dormir.

  • Ok pour 18h30. Et oui je prendrai le volant si tu veux. Mon mari va être content de pouvoir partir plus tôt et éviter les bouchons. Et moi je pourrai apprendre à connaître tes e n f a n t s pendant le trajet. - Au fait Sarah, je dois encore te prévenir qu’il y a un problème avec Elodie. J’espère éviter quelques difficultés en t’en parlant avant. C’est assez délicat d’en parler puisqu’elle ne le vit pas très bien. - Rien de grave j’espère ?

  • Rien de dramatique mais bien gênant et embarrassant. Elle mouille à nouveau son lit. Alors qu’elle n’était plus énurétique depuis l’âge de 10 ans à peu près.

  • Ok ça ne doit pas être facile à vivre. C’est du à quoi ? C’est plutôt un problème mental ou physique ?

  • Plutôt psychologique. Elle a recommencé à avoir des accidents après la m o r t de son père. Et ça dure depuis plus d’un an maintenant.

  • Désolée. Je suppose qu’il y a une solution pour la guérir. - Pas vraiment. On essayé un médicament, le Minirin. C’était plutôt efficace mais pas du tout infaillible. Et après deux cures de trois mois les accidents ont recommencé à la même fréquence qu’avant. Les médecins n’ont malheureusement pas voulu prolonger le traitement et ont décidé de continuer uniquement le soutien psychologique. Plutôt que les symptômes, ils disent traiter la cause. Alors maintenant la pauvre se retrouve très souvent dans un lit trempé. Mais pour dormir chez toi on a pris nos dispositions pour pas qu’elle ne salisse ta literie.

  • Effectivement ça ne doit pas être facile à vivre. Surtout à son âge.

  • Oui alors j’aimerai que tu sois discrète à ce sujet. Et comme elle va dormir dans la chambre de ta fille il faudrait que tu la mettes au courant. Les médecins déconseillent fortement les couches mais c’est la seule solution qu’on ait trouvé pour venir chez toi. Alors ça serait sympa si tu pouvais expliquer le problème à ta fille et lui demander de ne pas faire de remarques désobligeantes à Elodie. Surtout qu’on ne peut pas dire qu’elle soit ravie de devoir porter ce genre de chose.

  • Tu peux compter sur moi. Pas d’inquiétude, ma fille a passé l’âge des moqueries de gamins. Et je n’en parlerai à personne d’autre. Ils n’ont pas besoin de savoir. Désolée mais le chalet n’est pas assez grand pour que je puisse lui proposer une chambre où elle sera seule. Autrement elle aurait pu dormir avec toi dans le petit canapé lit du salon mais je ne pense pas qu’elle y aurait plus d’intimité. - Non merci ce n’est pas la peine. Ça serait plus compliqué et tout le monde risquerait de se rendre compte de son problème. En tout cas je suis contente d’avoir réussi à t’en parler. Le sujet est difficile à aborder. Maintenant c’est réglé alors à demain soir. Bisous.

Chapitre 8

Ce jeudi matin un timide soleil d’hiver brille à travers la fenêtre de la chambre des filles. Après leur soirée mouvementée elles ont oublié de fermer les volets. Alors à 9h, quand le réveil sonne, la pièce est déjà baignée par la lumière du jour. Et tous les autres membres de la famille de Julie ont déjà quitté la maison.

Les jeunes femmes dorment profondément au moment où le réveil les tire brusquement de leur sommeil. Le premier réflexe de Julie est d’éteindre l’atroce sonnerie. Et sans réfléchir un instant de plus elle sort du lit et se lève. Quant à Elodie elle grogne et essaye de se replonger dans le rêve dans lequel elle était plongée. Ses cheveux décoiffés recouvrent une grande partie de son visage. Elle se roule en boule en émettant un discret bruissement de plastique et parvient presque à se rendormir. Mais c’était sans compter sur l’intervention de Julie.

« Allez réveilles toi grosse paresseuse. J’ai faim et on doit aller bosser. Je ne peux pas te laisser faire la marmotte dans mon lit toute la journée.

Oh tais-toi ! Ton stupide réveil a gâché un moment grandiose. J’étais en train de passer un moment plutôt agréable avec l’homme de mes rêves. Si tu vois ce que je veux dire… Parfaitement espèce de petite coquine… C’était Edouard au moins ?

Je ne sais pas. Je ne m’en rappelle plus à cause de toi et ton foutu réveil !

De toute façon tu n’as pas besoin de rêver de lui puisqu’il existe vraiment. Tu pourras bientôt passer des nuits torrides avec lui. Edouard est dingue de toi !

Ça m’étonnerait bien.

Si si, je t’assure ! Allez debout, on se lève ma grande. Sors ton gros cul lubrique de mon lit ! C’est l’heure d’avaler un bon petit déjeuner. »

Maintenant parfaitement éveillée et tirée de son rêve, Elodie doit faire face à la réalité. L’expression de son visage change au moment où elle prend conscience de la couche qu’elle a entre les cuisses. Inconsciemment elle écarquille ses grands yeux bleus. Elle est presque sûre d’être mouillée. Sa peau lui semble moite tandis que la couche a l’air un peu collante et plus épaisse que la veille. Pour ne pas attirer l’attention de Julie sur la signification de son geste elle fait semblant de s’étirer et de bâiller. En réalité elle en profite pour tâter discrètement son pantalon de pyjama autour de ses fesses. Elle vérifie également l’état du matelas. Au moins le matelas lui semble sec. Mais aucun doute, ce qu’elle redoutait tant est arrivé. Elle a encore eu un accident cette nuit ! Voilà pourquoi elle ne voulait pas dormir chez Julie. Se réveiller à côté de son inséparable copine alors qu’elle a fait pipi au lit est une chose dont elle se serait bien passée. Elle regrette aussi son attitude d’hier soir. Ses pleurs au moment de mettre sa couche étaient complètement ridicules. C’était aussi gênant pour elle que pour Julie. Alors le mieux qu’elle puisse faire ce matin c’est faire comme si tout était normal. Elle y parviendra peut-être à condition que Julie n’aborde pas ouvertement le sujet. Sinon elle risque à nouveau de perdre son calme et de refaire le cinéma d’hier soir. En tout cas, malgré ses réticences, elle ne regrette pas d’avoir accepté de mettre une couche. Vu l’état dans lequel elle s’est réveillée ce matin… Elle n’ose même pas imaginer son embarras elle ne s’était pas protégée.

Le mieux serait d’éviter que Julie ne s’aperçoive qu’elle est mouillée. Car connaissant son manque de tact légendaire elle serait bien capable de lui lancer un : « Alors grosse dégoûtante, t’as couche a été bien utile cette nuit on dirait ? ». Certes dormir avec une couche à 20 ans n’est pas une situation très glorieuse. Elodie aurait été tellement fière si au moins elle avait été sèche à son réveil. Elle est persuadée que cela aurait changé son image auprès de Julie.

Car finalement ce qui préoccupe le plus Elodie ce matin ce n’est pas la déception d’avoir encore eu un accident. L’inconfort de se réveiller toute sale n’est pas non plus ce qui la gêne le plus. En réalité ce qui la tracasse c’est surtout ce que va en penser Julie. Elodie craint que Julie ne soit trop dégoûtée pour recommencer de telles soirées. Ou qu’elle ne la prenne pour une fille complètement dérangée. Après s’être finalement rapprochée d’elle et avoir fait l’immense effort de se confier entièrement à elle, Elodie ne veut pas perdre à nouveau sa meilleure amie.

Julie, de son côté, se pose moins de questions. Depuis sa petite virée nocturne aux toilettes elle sait déjà qu’Elodie doit gérer un réveil certainement très inconfortable. Il flotte maintenant dans la chambre une légère odeur aussi inhabituelle que déplaisante qui lui confirme l’état de la couche d’Elodie. Elle décide de lui faciliter les choses. Mais elle le fait à sa manière, avec son manque de délicatesse habituel. Et surtout elle ne pense pas un instant à garder les apparences. « Debout je te dis ! Cours à la douche ! Tu en as vraiment besoin, tu ne sens vraiment pas très bon… Tu ne vas quand même pas rester comme ça plus longtemps ? C’est trop crade ! Et pendant ce temps je vais préparer le petit déjeuner. Au fait il doit y avoir des lingettes Nivea dans le placard sous le lavabo de la salle de bain. Ma petite sœur aimait bien s’essuyer les fesses avec ça le matin. Je crois bien que ses pull-ups lui agressaient vite la peau. Mais elle n’en a plus besoin maintenant. Il y en a encore un ou deux paquets pas entamés alors t’as qu’à les garder. »

Elodie reçoit ces affirmations comme un choc. En disant ça son amie n’envisage même pas l’éventualité qu’elle soit restée propre. Une telle attitude venant de sa meilleure amie la vexe profondément. Et lui proposer les lingettes pour bébé de sa petite sœur ? Julie semble vraiment penser que les couches ne sont pas une solution occasionnelle pour dormir chez les autres. Elle doit penser qu’il s’agit plutôt une routine qui s’installe. « Elle croit quoi ? Que je suis une gamine de deux ans qui essaye de devenir propre la nuit ? Et je rêve où elle m’a parlé comme elle l’aurait fait à sa petite sœur ? Peut-être que Mathilde n’était pas gênée de se réveiller mouillée le matin mais ce n’est pas mon cas. Je n’ai plus l’âge de me réveiller avec une couche mouillée et de trouver ça normal ! »

Mal à l’aise Elodie regarde son amie sortir de la pièce avant de se lever. Elle ne répond rien. Au moment ou elle soulève la couette elle remarque qu’elle ne sent pas la rose. Voilà pourquoi Julie sait qu’elle est mouillée ! Apparemment ces nouvelles protections empêchent les fuites gênantes mais ne masquent pas complètement les odeurs de pipi. Heureusement ça pue quand même moins que d’habitude sans protection !

Elle décide d’ouvrir la fenêtre de la chambre pour aérer le temps de prendre sa douche. Puis elle se précipite vers la salle de bain avec une démarche bizarre à cause de la couche. Elle n’imaginait pas qu’elles puissent gonfler autant une fois mouillées ! En passant devant les toilettes elle s’arrête par réflexe. Mais elle réalise immédiatement n’a plus besoin de s’y arrêter alors elle continue son chemin. La priorité c’est plutôt de rapidement se laver…

Dans la salle de bain elle trouve la serviette de toilette que Julie lui a préparé. En fouillant dans un placard elle trouve un petit sac poubelle ainsi que les lingettes. Au début elle ne voulait surtout pas utiliser ces choses destinées aux bébés. Néanmoins elle se sent tellement sale et poisseuse qu’elle pense avec envie à la fraicheur que lui apporteraient ces lingettes. Se réveiller dans cet état est suffisamment désagréable alors pourquoi se priver d’un petit réconfort ? Sans se poser plus de questions elle attr a p e un sac poubelle ainsi qu’un paquet de lingettes.

Elle se déshabille hâtivement tout en évitant de se regarder dans la glace. Le bruit des adhésifs qui se décollent résonne dans la salle de bain. Ce qui provoque un soupir d’exaspération chez la jeune fille. Au moment où elle se libère enfin de sa protection jaunie elle ne peut s’empêcher de remarquer à quel point elle est devenue lourde. Elodie a d’ailleurs l’impression que la protection n’aurait pas pu résister à des fuites plus importantes. Elle constate que le matelas absorbant à l’arrière est saturé jusqu’en haut. Elle découvre aussi que sa peau est légèrement humide. Contrairement à la dernière fois, la couche n’est pas parvenue à lui maintenir la peau sèche. Ceci n’aide pas à améliorer son humeur. Elle prend note que les soirées beuveries à base de bière ne sont pas compatibles avec un réveil agréable. Sans parler du mal de crâne… Pourtant elle sait bien que la règle n°1 consiste à ne rien boire après le diner. C’était stupide de boire autant de bière avant de rester dormir chez Julie. A cause de sa bêtise le premier truc qu’elle doit gérer, dès le réveil, c’est une couche dégoutante. Elle doit nettoyer tout ça alors qu’elle pourrait être à table à croquer de délicieuses tartines grillées.

Toujours debout, elle sort une lingette du paquet et commence à essuyer méticuleusement tous les recoins de sa peau qui ont été en contact avec la couche. Vu qu’il s’agit de petites lingettes Nivea pour bébés elle doit en utiliser plusieurs avant de se sentir assez propre. La lotion qui imprègne ces lingettes lui apporte une sensation de fraicheur bienvenue. Et l’odeur de « couche mouillée » qu’elle déteste tant sur ses fesses a été remplacée par une autre nettement plus agréable. Par réflexe elle a jeté les lingettes sales dans la protection qui traîne au sol. Elle la ramasse avant de la rouler en boule et de l’enfermer dans le sac poubelle déjà préparé. Surtout ne rien laisser traîner dans la salle de bain ! Le plan est de se débarrasser plus tard du sac compromettant dans la grande poubelle destinée aux déchets ménagers situés à l’extérieur de la maison. Il ne faudrait surtout pas qu’un membre de la famille de Julie ne tombe dessus par hasard. Elle est maintenant prête à savourer une longue douche chaude qui achèvera le travail. Rien de tel pour démarrer la journée !

Pendant qu’elle s’habille elle se prépare mentalement à affronter Julie pendant le petit déjeuner. Une fois habillée elle n’oublie pas de refermer la fenêtre de la chambre. La pièce lui semble suffisamment aérée. A ce propos une odeur de pain grillé se fait sentir jusqu’à la chambre. C’est le moment de faire face…

Dans la cuisine Julie a terminé de mettre la table. Deux tasses de thé et du pain grillé attendent déjà les deux jeunes filles. Elle pose un pot de confiture sur la table au moment où Elodie entre dans la pièce. « Sympa d’avoir tout préparé !

De rien Elodie. Tu as l’air mieux réveillée que tout à l’heure. Ca va mieux ?

Oui, … oui. Mais j’ai un service à te demander. J’aimerais qu’on ne reparle pas de ce qui m’est arrivé cette nuit… Bien sûr Elo, je ne vais pas t’embêter avec ça… D’abord ça ne me regarde pas et surtout ça ne change absolument rien pour moi.

Merci Julie. Je t’aimes trop ! Ton soutient m’aide beaucoup. Et grâce à toi j’ai pu passer un moment génial !

On recommence quand tu veux. Chez moi, ou chez toi si tu permets que je m’incruste. » Julie se félicite d’avoir réussi à ménager la susceptibilité d’Elodie. Pour une fois elle est parvenue à ne pas être trop franche et directe. Certes savoir si Elodie a eu un accident ne la regarde pas. Mais elle est bien plus rebutée qu’elle ne veut bien l’avouer. D’ailleurs elle changera les draps bien qu’apparemment il n’y ait pas eu de fuites. Pour enlever l’odeur. En définitive, pour passer du temps ensemble, le mieux serait qu’elles aillent dormir chez Elodie. « Je préfère qu’elle pisse dans son lit plutôt que dans le mien, même avec ses couches… »

Après avoir englouti les toasts à la confiture et au Nutella Julie se précipite sous la douche. Pendant ce temps Elodie range la cuisine et se débarrasse du sac poubelle compromettant à l’extérieur de la maison. Elle pense aussi à cacher les lingettes pour bébé au fond de son sac pour les rapporter chez elle. Elle craint que ces lingettes ne lui soient utiles à l’avenir… Une bouffée d’inquiétude la gagne lorsqu’elle réalise que son départ pour la montagne est déjà le lendemain soir. Un bip de son téléphone portable attire son attention. Edouard lui a envoyé un sympathique message pour lui rappeler qu’elle lui doit un cinéma. Elle repense au baiser d’hier soir. Après tout il lui reste peut-être du bon temps à passer avant même son départ en vacances…

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